Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/269

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Saussier n’a pas voulu rendre cette ordonnance. Il a été en cela, je puis le dire, contre l’opinion de beaucoup d’autorités supérieures à la sienne. Il n’a pas voulu rendre l’ordonnance de non-lieu, il a voulu que l’affaire allât jusqu’au bout, que le commandant Esterhazy fût jugé par ses pairs, par la justice militaire, et il a donné l’ordre de mise en jugement. Il l'a donné pour qu’un débat contradictoire eût lieu.

Je puis vous dire que j’ai regretté que ce débat ne fût pas public ; je l’avais demandé et j’aurais voulu voir, après l’ordre de mise en jugement, un débat contradictoire et public. Le Ministre a demandé le huis clos. Mais, la meilleure preuve que le Conseil de guerre a été indépendant, c’est qu’il a refusé le huis clos ; il a jugé qu’il y avait intérêt à ce que la lumière se fit, au moins partielle, si elle ne pouvait pas se faire tout entière au grand jour.

Peut-on dire qu’un Conseil de guerre qui, contre l’avis du Ministre, n’a pas prononcé le huis clos, a été criminel ? Et quand on accuse sept officiers, dont plusieurs ont versé leur sang sur le champ de bataille pendant que d’autres étaient je ne sais pas où, d’avoir été criminels... (Bruit.)

M. Zola. — Je demande la parole.

M. le Président. — Je rappelle que si le moindre tapage se produit encore dans cette salle, le public se retirera immédiatement.

M. le général de Pellieux. — Je dis donc que ce Conseil de guerre ne peut être accusé d’avoir acquitté par ordre un coupable.

J’ajoute que si les membres du Conseil de guerre avaient été entendus, ils auraient apporté ici une protestation indignée. Je me fais leur écho ; je suis leur chef ; j’ai assisté aux débats du Conseil de guerre et je sais l’indépendance, l’honnêteté, la loyauté qu’ils ont apportées dans leur jugement.

J’ai fini sur ce point.

M. le Président. — Avez-vous encore d’autres points ?

M. le général de Pellieux. — Je demanderai, puisqu’on veut toute la lumière et que je suis disposé à dire tout ce que je sais, à relever certains faits qui se sont produits à l’audience d’hier.

Vous avez entendu le colonel Henry, malade, se soutenant à peine. Je ne sais pas si ses paroles ont été parfaitement interprétées. Comme je sais tout, je demande à rectifier certains points.

Je crois qu’à un moment donné le colonel Henry, ayant parlé d’un dossier, a dit que ce dossier n’avait pas été ouvert, et la défense en a pris acte.

En effet, il y a au ministère de là guerre, au service des renseignements, bien des dossiers. Je dois dire qu’à mon avis, tous ces dossiers sont secrets. Il n’est pas possible que des dossiers du service des renseignements ne soient pas secrets. Par