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secrétaire de Mlle Blanche de Comminges. Et je crois qu’il serait peut-être bon d’entendre M. Germain Ducasse comme témoin — il n’a pas été cité par la défense, — mais de l’entendre dans certaines conditions, c’est-à-dire, de l’amener ici sans qu’il pût communiquer avec un autre témoin. Il demeure, 13, avenue de Lamotle-Piquet.

M. l’Avocat général, — M. le général de Pellieux sait-il qu’on a retiré des lettres à la poste restante ?

M. le général de Pellieux. — Il a été retiré de la poste restante de l’avenue de la Grande-Armée des lettres qui portaient l’indication « P. P . » et un certain numéro, adressées au colonel Picquart et retirées par l’intermédiaire de Mlle Blanche de Comminges. Le colonel Picquart me l’a avoué et m’a dit que, s’il avait fait retirer ces lettres de la poste restante, s’il s’était fait adresser des lettres poste restante, c’est parce qu’on retenait sa correspondance au ministère de la guerre... Je dois dire toute la vérité, je la dis toute.

M. le Président. — Vous avez demandé à compléter votre déposition ; je ne suppose pas que ce soit sur ce point.

M. le général de Pellieux. — J’ai demandé à compléter ma déposition sur un simple point.

Je trouve — c’est une appréciation — que tout est étrange dans cette affaire. Le Ministre de la guerre a porté une accusation précise contre M. Emile Zola. M. Emile Zola a accusé le Conseil de guerre de 1898 d’avoir acquitté par ordre un coupable : on n’a pas encore parlé de cette question.

Me Clémenceau. — C’est M. le Président qui doit diriger les débats et non les témoins.

M. le général de Pellieux. — Je demande à continuer ma déposition sans être interrompu.

M. le Président. — Continuez.

M. le général de Pellieux. — Les membres du Conseil de guerre avaient été convoqués par erreur ; ils ne le sont plus.

Je demande à dire un mot de la façon dont s’est présentée l’affaire devant le Conseil de guerre

Le Conseil de guerre, je puis presque le dire, na pas eu à juger un accusé, — dans la justice militaire, c’est possible : cela ne l’est pas, je crois, dans la justice civile, — il n'a pas eu à juger un accusé formellement accusé, voila ce que je veux dire. Le commandant Esterhazy avait été l’objet d'une proposition d’ordonnance de non-lieu de la part du rapporteur et de la part du Commissaire du gouvernement. Par conséquent, il s’est présenté devant le Conseil de guerre muni de cette proposition d’ordonnance de non-lieu.

Le gouverneur de Paris, le général Saussier, mon regretté chef qui a été mon soutien pendant toute cette affaire, et qui est au courant comme moi — peut-être que nous sommes tous les deux seuls au courant complet de l'affaire - le général