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peler la Cour à statuer sur la position de la question que j’ai l’honneur de prier monsieur le Président de poser.

Me Clémenceau. — Je crois qu’il est importent, à la fin de cette discussion, de retenir ceci : c’est qu’un témoin étant à la barre, la défense s’est levée et qu’elle a dit : « Nous prétendons que ce témoin tient de la bouche d’un juge du Conseil de guerre qu’une pièce secrète a été communiquée », et qu’en réponse à cette affirmation, que nous maintenons, le Président a dit que la question ne serait pas posée... Nous faisons le jury juge... Que le témoin nous démente d’un mot, M. le Président n’aura pas le temps de l’arrêter, selon l’expression de M. le Président lui-même au sujet d’un autre témoignage !

(Le témoin garde le silence.)

M. le Président, au témoin. — Monsieur, ne répondez pas !

(S'adressant à Me Clémenceau.) Je vous répète que je poserai la question en ce qui concerne l'affaire Esterhazy et jamais en ce qui concerne l’affaire Dreyfus . Vous connaissez l’arrêt de la Cour, vous connaissez les termes de la loi, il faut que nous restions dans la prévention. (Au témoin.) Connaissez- vous quelque chose en ce qui concerne l’affaire Esterhazy ?

Le témoin. — Non, monsieur le Président.

Me Clémenceau. — Je proteste contre cette question. Nous avons affirmé que le témoin savait, par l'un des membres du Conseil de guerre, qu’une pièce secrète avait été communiquée aux juges sans avoir été soumise à l’accusé ni à la défense, et le témoin ne nous a pas démenti.

M. le Président, à l’huissier-audiencier. — Appelez un autre témoin .

Me Labori. — Monsieur le Président, je vous demande bien pardon, mais il m’est impossible d’entendre la déposition de Me Démange avant que la Cour n’ait rendu un arrêt sur mes conclusions. Je demande une suspension d’audience.

M. le Président. — L’audience est suspendue.

(L’audience est reprise à quatre heures trente-cinq.)

Me Labori. — La Cour veut-elle me permettre de donner lecture de mes conclusions ?

M. le Président. — Vous avez la parole.

Conclusions de Me Labori
relativement à l’audition de M. Salles.
Plaise à la Cour,

Attendu que la déposition du témoin, M. Salles, ancien avocat à la Cour de Paris, est indispensable à la manifestation de la vérité et aussi pour établir la bonne foi des prévenus ; que refuser de l’entendre serait violer les droits de la défense ;

Attendu que la question, mentionnée au dispositif, intéresse au