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Me Clémenceau. — Bien !

M. le général de Pellieux, se tournant vers Me Clemenceau. — Quelle opinion voulez-vous que j’exprime ?

M. le Président, au témoin. — Avez-vous été au courant, dans l’affaire Esterhazy, de la communication de pièces secrètes par le colonel Picquart à M. Leblois ?

Me Clémenceau. — Mais ce n’est pas de celles-là que nous parlons.

M. le général de Pellieux. — J’ai répondu, monsieur le Président ; pour moi, les pièces secrètes communiquées à M. Leblois sont parfaitement suffisantes... Je trouve que, communiquer à M. Leblois, dire à M. Leblois qu’il existe au ministère de la guerre un dossier dans lequel se trouve une pièce qui accuse formellement un officier de trahison, c’est lui donner communication de pièces secrètes.

Me Clémenceau. — Mais vous ne savez pas si on lui a communiqué cette pièce ?

M. le général de Pellieux. — Je ne le sais pas.

Me Clémenceau. — Vous savez seulement que le lieutenant-colonel Picquart lui en a parlé.

M. le général de Pellieux. — Le colonel Picquart lui a dit qu’il existait au ministère de la guerre une pièce qui accusait le commandant Esterhazy.

Me Clémenceau. — Il est donc entendu d’une part que, quand M. le général de Pellieux apprend qu’on a communiqué à un tiers une pièce qui accuse le commandant Esterhazy, il est indigné ; mais que, d’autre part, quand on fait promener dans Paris une pièce qui innocente le commandant Esterhazv, le général de Pellieux n’a pas d’opinion. C’est à retenir.

Je voulais encore demander au témoin ce qu’il pensait de la soustraction au ministère de la guerre d’un document secret pour le communiquer à un journal ?

M. le général de Pellieux. — Je ne me suis pas du tout occupé de cette question ; on me demande une opinion, je n’ai pas d’opinion à exprimer, j’ai à déposer.

M. le Président. — Parfaitement.

Me Clémenceau. — Alors, un dernier renseignement. M. le général de Pellieux a dit qu’il avait fait une perquisition chez M. Picquart ; me sera-t-il permis de lui faire remarquer que le lieutenant-colonel Picquart était témoin, puis de lui demander aussi pourquoi il n’est pas allé perquisitionner chez M. EsteDhazy, qui était accusé ?

M. le général de Pellieux. — Il était absolument inutile d’aller perquisitionner chez le commandant Esterhazy ; cela avait été fait pendant huit mois. (Rires et clameurs dans l’auditoire.)

Me Clémenceau. — C’est une erreur. Il s’était passé plus d’un an entre ce que le général de Pellieux appelle les perquisitions chez le commandant Esterhazy par le colonel Picquart et l’époque dont nous parlons. Comment se fait-il, je répète ma