Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

a bouleversé les meubles, on a bouleversé les effets de sa femme, on a cambriolé l’appartement, et la preuve existe, d’abord il a avoué !... Un meuble a été forcé ; on n’a pas pu le refermer ; on a fait faire une clef pour le refermer, de sorte que ce meuble, qui n’avait que deux clefs, en a aujourd’hui trois.

Il m’a semblé que tout ceci était la preuve de manœuvres inavouables et j’avoue que, quand le Conseil de guerre a acquitté Esterhazy, je n’en ai pas été étonné. Si j’ai participé à cette œuvre d’acquittement, j’en suis fier : je suis arrivé à faire prouver qu’il n’y avait pas deux traîtres parmi les officiers, qu’il n’y en avait qu’un et qu’il avait été justement condamné ! (Bruit.)

On a autorisé le général de Boisdeffre et le général Mercier à dire un mot de Dreyfus : je demande la même autorisation...

M. le Président. — Pas sur Dreyfus.

Me Labori. — Ici, monsieur le Président, je vous supplie d’autoriser le témoin à dire sur Dreyfus tout ce qu’il voudra.

M. le Président. — Impossible.

Me Labori. — Alors, demandez-lui quel est le traître auquel il vient de faire allusion. Vous ne l’avez pas arrêté, ce ne peut être que Dreyfus !... Il vient de dire qu’il n’y avait qu’un traître, ce ne peut être que Dreyfus !...

M. le Président, au témoin. — Ayez l’obligeance de continuer votre déposition, en laissant de côté l’affaire Dreyfus.

M. le général de Pellieux. — Parfaitement, monsieur le Président, j’ai fini.

M. le Président, à Me Labori. — Maître Labori ?...

M. le général de Pellieux. — Je suis à la disposition de maître Labori.

Me Labori. — Je n’ai rien à demander à M. le général de Pellieux.

Me Clémenceau. — J’ai entendu tout à l’heure le témoin déclarer qu’il n’y avait rien de plus grave que de communiquer des pièces concernant des officiers, les accusant de trahison, surtout lorsque ces pièces étaient au ministère de la guerre dans des dossiers secrets. Je demande alors au témoin quel est son avis sur les communications qui ont été faites dans des conditions que l’on sait et que je vais répéter.

Un document secret a été pris au ministère de la guerre, il a été promené dans Paris par une dame voilée, il a été remis par cette darne voilée à M. le commandant Esterhazy ; celui-ci l’a rapporté au ministère de la guerre, et le Ministre de la guerre lui en a donné un reçu. Je voudrais savoir l’opinion de M. le général de Pellieux sur la soustraction de ce premier document, sa promenade dans Paris, sa rentrée au bercail.

M. le Président, au témoin. — Vous comprenez la question ?

M. le général de Pellieux. — Oui.

M. le Président. — Veuillez y répondre.

M. le général de Pellieux. — Je n’ai pas d’opinion à exprimer.