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n’avait rien à faire, en ce qui concerne le commandant Esterhazy.

Me Labori. — Il est bien entendu qu’on a compris la réponse ; la réponse faite, j’en prends acte et je continue.

Voici la suite du rapport de M. Ravary, et nous entrons, de plus en plus, dans l’affaire Esterhazy :

« Si l’on considère... »

Et je vous prie, messieurs les jurés, de peser toutes ces paroles :

« Si l'on considère que c’est une pièce identique qui a été envoyée au Ministre de la guerre par l’inculpé... »

Par Esterhazy, vous entendez bien, Messieurs ! une pièce identique ! c’est bien une pièce du dossier Esterhazy !

«... on est amené à se demander si l’identité entre ces deux pièces n’est pas le résultat d’une indiscrétion. »

Ce n’est pas ce qui m’inquiète !

La pièce qui était entre M. Leblois et M. Henry, à supposer que ce soit vrai, est la même que ce fameux document libérateur, qui a été remis par une dame voilée à M. le commandant Esterhazy, qui l’a transmis à son tour au Ministre de la guerre. Cette pièce est une pièce du dossier Esterhazy. Je demande à M. le Président de demander à M. Ravary, qui a fait l’instruction, quelle était cette pièce ?

M. le commandant Ravary. — Je l’ignore complètement.

Me Labori. — Cela me suffit, je suis édifié.

Me Clémenceau. — Le témoin dit, dans son rapport, qu'il y avait un dossier ouvert sur le bureau du colonel Picquart ; je voudrais savoir s’il maintient ses affirmations.

M. le commandant Ravary. — Je ne saisis pas bien.

Me Clémenceau, s’adressant au témoin. — Il y a, dans votre rapport, qu’il y avait un dossier ouvert sur le bureau du colonel Picquart.

M. le commandant Ravary. — Cela devait se trouver dans les dépositions des témoins.

Me Clémenceau. — De quels témoins ?

M. le commandant Ravary. — Soit dans la déposition du colonel Henry, soit dans la déposition de M. Gribelin.

Me Clémenceau, s’adressant à la Cour. — Je rappelle à la Cour que M. Gribelin a dit qu’il y avait dans une enveloppe un dossier, que le colonel Henry a dit la même chose, et, dans ces conditions, je demande à M. le Président de vouloir bien faire rappeler M. Gribelin à la barre.

M. le commandant Ravary. — J’ai dit : Soit de M. Gribelin,. soit du colonel Henry.

M. le Président, à Me Clémenceau. — Voudriez-vous répéter votre question ?

Me Clémenceau. — Je voudrais que M. Gribelin répète ce-