Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

sens, mais pas très bien, car je n’ai pas revu cette lettre depuis le moi de mai :

« En réponse à votre note du(je ne sais si c'est 12)...

Me Clémenceau. — Cela n’a aucune importance.

M. le colonel Henry. — «... j’ai l’honneur de vous informer qu’au sujet des mots mystère et mensonges qui sont contenus dans cette note, on a fait une enquête au Service. De cette enquête, il résulte que le mot mystère, du moins, peut s'appliquer aux faits suivants : Ouverture d’une correspondance à laquelle personne, ici, n’a jamais rien compris et qui était absolument étrangère au service ; ensuite, ouverture d’un dossier secret, à la suite de laquelle ouverture des indiscrétions graves ont été commises ; et, enfin, propositions faites à deux officiers du service de certifier, le cas échéant, qu’un document place au service émanait d’une personne connue. »

J’ajoutais : « Quant au mot mensonges, je ne sais ou, comment et à qui l’appliquer.

« Veuillez, je vous prie, mon colonel, agréer l’expression de mes sentiments respectueux. »

C’est cette lettre, paraît-il, qu’on appelle irrespectueuse. Je tenais absolument à faire voir qu’elle était dans la forme voulue. Si, du reste, elle n’avait pas été respectueuse, le colonel Picquart, qui était colonel alors que je n’étais que commandant, aurait pu le relever ; il ne l’a pas fait et ne s'est jamais plaint.

Me Clémenceau. — Une seule question : Est-ce que M. le colonel Henry n’a pas conféré d’une affaire, — dans l’espèce le nom de l’affaire importe peu, — directement avec M. Leblois ? Je ne demande aucun détail.

M. le colonel Henry. — Il s’agit de l’affaire Boulleau. Un jour, c’était en...

Me Clémenceau. — Je vais préciser ma question : Le colonel Henry a-t-il un jour conféré directement avec M. Leblois ?

M. le colonel Henry. — C’est-à-dire que j’ai causé avec le colonel Picquart en présence de M. Leblois. Le colonel Picquart a dit : « Quand nous serons embarrassés dans une question d’espionnage, vous pouvez vous en rapporter à M. Leblois, qui est avocat et pourra... »

Me Clémenceau. — Quand M. le colonel Henry voulait envoyer un pli et s’assurer qu’il ne serait pas ouvert, quel moyen employait-il ? Avait-il des moyens matériels ?

M. le colonel Henry. — Je ne comprends pas très bien.

Me Clémenceau. — Je répète ma question...

M. le colonel Henry. — Je n’entends pas bien ; j ai pris de la quinine hier, je suis un peu sourd.

Me Clémenceau. — Je demanderai la permission a la Cour de vous poser les questions directement, alors que, légalement, je devrais m’adresser à M. le Président.

Quand vous vouliez, de votre bureau, envoyer un pli contenant n’importe quoi dans un autre bureau, n’aviez-vous pas un moyen