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M. le Président. — Voici la lettre :

Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous prévenir qu’il, me sera impossible de me rendre demain lundi à l’audience où je suis appelée comme témoin. Je suis retenue dans mon lit par une affection cardiaque qui me fait beaucoup souffrir en ce moment. Voici, du reste, le certificat de mon docteur, M. Bas, 4, rue de Berlin.

Je prierais Monsieur le Président de vouloir bien s’en rapporter aux deux dépositions qui sont entre les mains de M. le juge d’instruction. Je suis, 54, avenue de Neuilly, dans ma famille.

Me Clémenceau. — La Cour voudra bien retenir qu'il s’était produit un incident à ce sujet, et que ce renseignement du changement d’adresse ne m’avait pas été fourni. Je n’ai donc plus à demander au docteur comment il a trouvé Mme de Boulancy ; mais je voudrais lui poser une autre question.

M. le Président. — Mon collègue me fait remarquer que j’avais donné lecture de cette lettre à l’audience.

Me Clémenceau. — Monsieur le Président, veuillez vous souvenir de ce que j’ai dit alors : Je suis certain qu’on ne trouvera pas Mme de Boulancy, 22, boulevard des Batignolles.

M. le Président. — J’ai répondu que c’était le domicile indiqué dans le certificat du médecin. Le certificat porte 22, boulevard des Batignolles ; mais la lettre qui était jointe au certificat porte 54, avenue de Neuilly.

Me Clémenceau. — Je constate que ma précédente affirmation était exacte, et je continue.

M. Zola. — La lettre n’a pas été lue.

M. le Président. — Si.

M. Zola. — Non, monsieur le Président.

M. le Président. — Monsieur Zola, je croyais avoir lu toutes les lettres d’excuse. M. Zola. — J’affirme que la lettre n’a pas été lue. Monsieur le Président paraît mettre en doute ma parole.

M. le Président. — Non, monsieur Zola, mais cet incident n’a pas d’importance.

M. Zola. — Aucune, mais on peut se reporter au compte rendu sténographique et l’on verra que l’adresse où est actuellement Mme de Boulancy n’a pas été dite à l’audience.

M. le Président. — Cela n’a aucune importance.

Me Clémenceau. — Je fais toutes réserves, et je continue. Au cours de la visite de M. le docteur Socquet à Mme de Boulancy, n’a-t -il pas été question entre eux de choses n’ayant aucun rapport avec la maladie elle-même ?

M. le docteur Socquet. — Oui, nous avons causé d’autres choses.

Me Clémenceau. — Je précise. D’autres choses ne concernant pas sa santé ?

M. le docteur Socquet. — Parfaitement.