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DEPOSITION DE M. TRARIEUX (Suite)

M. le Président. — Quelle est la question, maître Labori, que vous désirez poser à M. Trarieux ?

Me Labori. — Je vais demander différentes choses à M. Trarieux. D’abord, je voudrais lui demander, à l’occasion des faits ou parmi les faits dont il a parlé hier, quels sont ceux dont il a pu avoir connaissance lorsqu’il était Ministre de la justice. A-t-il eu connaissance, à ce moment, d’un dossier secret, d’une pièce secrète, et quand en a-t-il eu connaissance ?

M. Trarieux. — Comme Ministre de la justice, je n’ai eu aucunement à m’occuper de l’affaire Dreyfus ; je crois que si j’avais eu à m’en occuper, il me serait peut-être difficile de m’en expliquer à cette audience.

M. le Président. — D’ailleurs, nous ne pourrions pas nous en occuper. Laissons cette affaire de côté.

M. Trarieux. — Tout ce que j’ai dit hier à l’audience, je l’ai connu comme simple citoyen, je le tiens de confidences personnelles.

M. le Président. — Ce n’est pas comme Ministre de la justice.

Me Labori. — M. Trarieux pourrait-il nous dire s’il a entendu parler du caractère et de la nature de la correspondance échangée entre M. le général Gonse et M. le colonel Picquart, postérieurement au départ du colonel Picquart du ministère de la guerre ?

M. le Président. — Avez-vous entendu parler de cette correspondance entre le général Gonse et le colonel Picquart, après le départ du colonel Picquart du Ministère de la guerre ?

M. Trarieux. — J’ai expliqué hier dans quelles conditions j’avais pris connaissance de la correspondance du général Gonse. Cette correspondance m’a été livrée par mon collègue M. Scheurer-Kestner, et c’est de lui que je la tiens. J’ai expliqué qu’après en avoir lu les copies que m’avait communiquées mon collègue, bien que ces copies ne m’inspirassent aucune défiance, cependant, pour plus de sécurité, lorsque M. Leblois vint me prier de faire les démarches que j’ai racontées hier, je lui ai demandé de me communiquer les originaux.

Alors, non seulement j’ai pris connaissance des deux lettres du général Gonse, dont j’ai parlé, mais j’ai pris aussi connaissance, comme je crois l’avoir rappelé, de treize autres lettres qui étaient très importantes et postérieures au départ du lieutenant-colonel Picquart de son service du bureau des renseignements. Elles étaient très importantes en ce sens qu’elles m’ont montré que le colonel Picquart, lorsqu’il a quitté son service, paraissait avoir conservé la pleine confiance de ses chefs.

M. le Président. — Est-ce que les avocats ont d’autres questions à poser ?