Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

votre parole ; elle suffit à réduire à néant les allégations qui se placent dans cet intervalle », et alors je lui ai dit : « Mais, permettez ! si un jour je me trouvais devant un témoin qui reprit ces allégations, je serais obligé de lui donner un démenti Je vous demande instamment de vérifier les faits, de me permettre d’établir par des preuves matérielles et incontestables que je possède, que du 5 août au 7 novembre je n’étais pas à Paris. » Je lui ai dit : «Faites venir M. Gribelin ici, vous verrez s’il maintiendra devant moi ses allégations. » Le commandant Ravary m’a répondu : « C’est parfaitement inutile ; je vous crois, personne ne mettra en doute votre affirmation, ni ici, ni ailleurs, pas plus devant le Conseil de guerre que devant une autre juridiction. »

Les déclarations de M. Gribelin sont donc réduites à néant ; elles n’ont pas été reproduites dans le rapport du commandant Ravary ; ce sont là des faits matériels qu’on peut constater ; il y a dix lignes à lire.

M. le Président. — Enfin, vous êtes tous les deux en désaccord.

M. Leblois. — Ah ! monsieur le Président, permettez-moi de vous dire qu’il y a une certaine différence entre nos deux situations. (Bruits.)

M. Gribelin. — J’ai vingt-quatre ans de service et j ai fait mon devoir partout !

INCIDENT

Me Clémenceau. — Il me semble, Messieurs, qu’un délit vient d’être commis à cette audience : deux témoins se sont présentés successivement à la barre, et, après avoir prêté serment de dire la vérité, ils ont affirmé des choses contradictoires. L'un des deux ne dit pas la vérité, l’un des deux a faussé son serment. Je demande à la Cour de faire apporter la pièce qui établira quel est celui des deux témoins qui a menti.

M. Leblois. — En disant que notre situation n'était pas la même, je voulais dire que je pouvais établir, par le rapport du commandant Ravary, que j’avais raison.

M. le Président, s’adressant à M. l’Avocat général. — Monsieur l’Avocat général ?...

M. l’Avocat général. — L’honorable défenseur, Me Labori, vient encore de me demander de faire apporter à l’audience des documents qui ne sont pas entre mes mains. Je lui demande la permission de rétablir ici les rôles de chacun : j’ai l’honneur de représenter ici M. le Procureur général empêché ; par conséquent, je ne représente pas M. le Ministre de la guerre, ni personne autre, car je n’ai jamais représenté personne, et je déclare que j’ignore absolument tout ce qui ne concerne pas mon rôle particulier. Je n’ai pas de documents et j ai seulement à apprécier, ayant reçu la plainte, quel avis j'aurai à donner