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des démarches imprudentes, c’est-à-dire l’arrestation, attendu que le colonel Picquart voulait faire arrêter le commandant Esterhazy avant d’avoir des preuves suffisantes. Voilà tout ce que je disais dans mes lettres.

M. l’Avocat général. — Est-ce que vous avez autorisé la publication de ces lettres ?

M. le Président. — Vous entendez la question ?

M. le général Gonse. — En aucune façon, monsieur le Président. Quand j’ai vu ce matin les lettres publiées, j’ai été très surpris. J’avais été étonné auparavant que le colonel Picquart, à qui j’avais adressé ces lettres pour le service, ait eu la pensée de les communiquer à des tiers ; je ne croyais pas qu’elles seraient publiées dans un journal, mais je savais qu’elles avaient été communiquées à des tiers, puisqu’un témoin en a parlé hier. Il n’entrait pas dans ma pensée de demander au colonel Picquart de revenir sur l’affaire Dreyfus ; c’était l’affaire Estherazy seule qui était en cause dans ces lettres. Voilà ce que je tenais à établir.

M. le Président. — Maître Labori et maître Clémenceau, vous n’avez plus rien à demander ?

Me Labori et Me Clémenceau. — Non.

M. le Président. — Général, vous pouvez vous asseoir. (A Me Labori.) Quel témoin voulez-vous entendre, maître Labori ?

Me Labori. — M. le commandant Lauth.

DÉPOSITION
DE M. LE COMMANDANT LAUTH
Commandant au 28e dragons.

M. le Président. — Vous jurez de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité ?

M. le commandant Lauth. — Sous la réserve du secret professionnel, je le jure.

M. le Président. — Le secret professionnel n’a pas de rapport avec le serment. Veuillez lever la main et dites : Je le jure.

M. le commandant Lauth. — Je le jure.

M. le Président. — Maître Labori, quelle est la question que vous désirez être posée au témoin ?

Me Labori. — Il est question, dans le rapport de M. le commandant Ravary, de M. le commandant Lauth. Si M. le Président me le permet je vais donner lecture des quatre ou cinq lignes auxquelles je fais allusion et sur lesquelles je désirerais que M. le commandant Lauth soit interrogé.

Le commandant Ravary dit :

Le résultat de l’enquête fut loin d’être favorable à l’accusation...

Il s’agit du rapport fait dans la poursuite relative à M. le com-