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DÉPOSITION DE M. LE GÉNÉRAL GONSE
Sous-chef de l'Etat-major général

M. le Président. — Maître Labori, quelle question doit être posée au général ?

Me Labori. — Je voudrais que M. le général, s’il croit pouvoir nous répondre, nous dise quel est le document que M. le commandant Esterhazy avait fait parvenir au ministère de la guerre quelque temps avant sa comparution devant le Conseil par lequel il a été jugé.

M. le général Gonse. — Je n’ai pas à répondre.

Me Labori. — Vous vous retranchez derrière le secret professionnel ? Je n’insiste pas, puisque l’incident s’est déjà présenté avec M. le général de Boisdeffre. Je déposerai des conclusions analogues à celles dont j’ai parlé.

M. le général Gonse pourrait-il nous dire pourquoi ce document pouvait être appelé par M. le commandant Esterhazy le document libérateur.

M. le général Gonse. — Je n’ai pas à répondre à cette question. Je me retranche derrière le secret professionnel.

Me Labori. — M. le général Gonse pourrait-il nous dire pourquoi le ministère de la guerre a reçu ce document de M. le commandant Esterhazy et lui en a donné un reçu ?

M. le général Gonse. — Je n’ai rien à dire.

Me Labori. — M. le général Gonse pourrait-il nous dire s'il connaît la personnalité de la dame voilée ?

M. le général Gonse. — En aucune façon.

Me Labori. — M. le général Gonse pourrait-il nous dire si des recherches ont été faites pour la découvrir.

M. le général Gonse. — Je n’ai pas fait l’instruction sur le procès du commandant Esterhazy.

Me Labori. — M. le général Gonse pourrait-il nous dire s’il croit à la réalité de l’intervention d’une dame voilée ?

M. le général Gonse. — Je n’en sais rien du tout ; je n’ai pas fait l’instruction, comment pourrais-je le savoir (Se tournant vers Me Labori.) Ce sont des traquenards, cà ! (Rumeurs dans l'auditoire.).

Incident

Me Labori. — Pardon, général ! Monsieur le Président, je ne voudrais pas soulever continuellement des incidents. Après ce qui vient de se dire, je n’ai plus de questions à poser, j’ai une observation à faire. M. le général Gonse, se tournant vers moi, oubliant qu’il n’a pas plus le droit de m’adresser directement la parole que je n’ai le droit de la lui adresser, s’est permis de dire « Ce sont des traquenards, çà ! » Ce sont des mots et des idées qui ici ne nous sont pas familiers. Je n’ajouterai rien et