Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/136

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M. l’expert nous a dit qu’il serait très mauvais de l’amener à la Cour d’assises, où elle aurait des émotions.

Ceci, c’est une opinion plus générale, c’est une impression. Et alors, je retiens ceci, c’est que Mme de Boulancy pourrait venir à cette barre, mais que M. l’expert pense que l’émotion de la Cour d’assises lui serait mauvaise.

Alors, je demande à M. l’expert, dans le même ordre d’idées : Si on lui avait dit : « Croyez-vous que Mme de Boulancy pourrait comparaître chez le juge d’instruction en présence du commandant Esterhazy » aurait-il supposé que ce serait mauvais ?

M. le docteur Socquet. — Je crois que dans un cabinet particulier, seule...

Me Clémenceau. — Même si elle se trouvait face à face avec le commandant Esterhazy ?

M. le doctettr Socquet. — Je ne peux pas répondre, je ne sais ce qui se présenterait à ce moment-là. il est évident que le milieu n’est pas le même à la Cour d’assises et devant M. le juge d’instruction.

Ici, quand elle se présenterait, avec l’affluence de monde, la température élevée, exagérée, il est possible qu’elle ne résiste pas, et je ne crois pas pouvoir prendre sur moi de dire que cette dame peut se présenter ici à la barre sans accident pour elle.

M. le Président. — Il n’y a pas lieu de discuter longtemps sur cette question.

Me Clémenceau. — Je vous demande pardon, monsieur le Président. J’ai une objection. Vous dites que cela ne sera pas discuté longtemps, mais nous sommes seuls juges pour savoir le temps qu’il nous faut pour discuter ; la question est trop grosse pour qu’on limite les droits de la défense.

M. le docteur Socquet n’a fait que, d’une part, rapporter les affirmations de la malade, affirmations qui dans L’espèce n’ont aucune autorité, et d’autre part déclarer qu’elle aurait pu venir à l’audience et que ce n’est que l’émotion qu’elle eût ressentie a l’audience...

M. le docteur Socquet. — Ces constatations ont été faites par le médecin traitant. En fait, il n’y a pas lésion très nette ; il est évident que si cette malade était venue dans mon cabinet...

Me Clémenceau. — Je me permets de vous rappeler que les affirmations de M. le docteur Socquet ont de L’autorité parce qu’il a été commis par la Cour et qu’il a prêté serment. Je ne retiens donc que les affirmations de M. le docteur Socquet.

M le Président. — Eh bien, pour Mlle de Comminges ?

M. le docteur Socquet. — Eh bien ! pour Mlle de Comminges, le docteur qui la soigne est M. le docteur Florent, médecin des hôpitaux. M. Florent a, dans un certificat, déclaré que Mlle de Comminges était dans l’impossibilité de venir, et s’est opposé à sa comparution devant la Cour d’assises, car, dit-il, c’est une neurasthénique présentant des troubles cardiaques très nets.

Il a observé ces troubles plusieurs fois dans son cabinet et