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On dit que c’est par la France !

Eh bien ! Messieurs les jurés, je laisse à ceux qui solidarisent la France avec les bandes dont il s’agit la responsabilité de leurs paroles sacrilèges ! (Silence profond de l'auditoire.)

Vous voyez bien qu’ils n’osent rien dire ! Personne n’ose se désigner ! (Mouvement.)

Et j’ajoute un mot.

M. le Président. — Nous ne plaidons pas en ce moment-ci ; si vous avez quelques observations à présenter à MM. les jurés, faites-le en deux mots. (Bruits divers.)

M. le Président. — Silence, silence, je vous en prie.

Me Labori. — Et j’ajoute un mot, Messieurs, c’est le dernier.

A l’heure qu’il est, parmi les hommes de bonne foi, d’intelligence et de bonne volonté, il ne peut y avoir que deux sortes d’attitudes ; la première, celle de ceux qui savent ou croient savoir, et qui sont convaincus, ceux-là ont pour M. Emile Zola l’admiration et le respect ; la seconde, celle de ceux qui ne savent pas, mais qui veulent savoir, ceux qui pensent qu’il y a dans ce pays quelque chose qui est au-dessus de tout : l’idée de droit, l’idée de justice, l’idée de liberté, en un mot, l’idéal général sur lequel l’humanité aies yeux fixés ; et ceux-là n’ont qu’une attitude, ils attendent, ils attendent avec déférence et en silence.

Les autres, quand ils essaient d’identifier la France avec eux, ils l’insultent, pendant que nous la vénérons. (Applaudissements.)

M. Zola. — C’était nécessaire, monsieur le Président, c’était nécessaire de dire cela.

INCIDENT
Visites de M. le docteur Socquet à Mme de Boulancy,
Mlle de Comminges, Mme Chapelon et M. Autant.

M. le Président. — Monsieur l’audiencier, voulez-vous faire venir M. le docteur Socquet.

(Le docteur Socquet est appelé à la barre.)

M. le Président, s’adressant au docteur Socquet. — Vous êtes, Monsieur, le docteur Socquet ! Je ne vous fais pas prêter serment, puisque vous n’avez pas été cité, mais je vous prie de donner à la Cour les renseignements que vous avez recueillis.

M. le docteur Socquet. — Messieurs, je me suis rendu hier aux domiciles de Mlle de Comminges, de Mme de Boulancy, de Mme Chapelon, et chez M. Autant, à l’effet de constater leur état de santé pour répondre aujourd’hui s’ils étaient en état de se présenter devant la Cour. Voici, messieurs, les résultats de mon examen.

Deux de ces dames, Mlle de Comminges et Mme de Bou-