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introduction.

s’il y avait un litige[1]. Par contre, la première partie, qui a été rédigée dès la fin du xiie siècle fait figure d’innovation : c’est l’histoire même de Pontigny et de son temporel qui, seuls, peuvent expliquer la date de rédaction de ce premier petit cartulaire de dix-neuf folios.

Le plan est méthodique, comme dans la plupart des recueils de titres de cette époque qui répugnent à l’ordre chronologique[2].

Dans la première partie sont groupés en tête les privilèges généraux du monastère, à l’exclusion de ceux qui concerneraient l’ordre en général. Puis le cartulaire est divisé en sept chapitres, suivant un ordre topographique le premier groupe les actes qui portent sur le cellier que les moines possèdent à Auxerre, tandis que les six autres rassemblent les pièces suivant les six granges importantes de l’abbaye[3].

La seconde partie conserve un plan méthodique, mais plus complexe. Un peu plus de la moitié[4] de l’ouvrage est conçu en fonction de la matière de l’acte — argent, nature ou droits et exemptions —, mais aussi en fonction de l’origine sociale du donateur ou vendeur. Puis le monastère en revient à un classement topographique, non plus par granges, mais par localités dans lesquelles Pontigny a des possessions[5].

En fait, le plan adopté dans l’une et l’autre partie du cartulaire reflète un essai de classement le mieux adapté possible au genre de biens que recevait le monastère : au xiie siècle, les granges qui avaient été créées là où les donations étaient les plus nombreuses, étaient bien des centres qui pouvaient servir de base à un classement. Par contre, la multiplication des dons de rentes au xiiie siècle nécessitait un autre cadre de classement, car ces dons étaient assis sur des lieux très divers et éparpillés.


IV. L’utilisation ultérieure du cartulaire.

Il nous reste à voir ce qu’est devenu au cours des siècles le premier cartulaire de Pontigny et l’utilisation que les érudits ont pu en faire.

Nous savons déjà que peu de temps après la rédaction de la seconde partie du cartulaire, cet ouvrage fut mis à profit pour préparer la rédaction d’un nouveau recueil des titres du monastère[6]. Ces deux livres ont dû, à leur tour, servir de base au xive siècle, pour la confection d’un autre cartulaire de l’abbaye qui subsiste encore à la Bibliothèque nationale[7] ; aussi retrouvons-nous certains de nos actes retranscrits dans ce volume, ce qui nous a permis de donner le texte d’actes tronqués de notre cartulaire, alors que l’original en avait disparu.

Il faut ensuite se transporter au xviiie siècle pour voir le cartulaire de nouveau utilisé on en entreprit, en effet, à cette époque la copie en un in-

  1. H. d’Arbois de Jubainville, Études…, : dans l’introduction l’auteur nous dit que le premier cartulaires de Clairvaux a été rédigé vers 1263.
  2. M. Quantin, Inventaire général des archives historiques de l’Yonne, 1re partie, Auxerre, 1852 : voir l’introduction au catalogue des cartulaires.
  3. Voir le plan des deux parties du cartulaire de Pontigny.
  4. 57 %.
  5. Ce classement est imparfait. C’est ainsi que l’on trouve toute une série d’actes touchant Fouchères sous la rubrique Auxerre.
  6. Cf. supra, p. 52-53.
  7. Bibl. nat., ms. latin 5465.