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introduction.

connaissons souvent en raison des litiges qui, après la mort du légataire, ont opposé l’abbaye aux héritiers[1].

Les achats eux aussi sont plus nombreux qu’au xiie siècle, puisqu’il s’en trouve près de vingt-cinq, c’est-à-dire le double.

Par contre les échanges ont diminué, tandis que les accords sont à peu près stables mais ils sont conclus, le plus souvent, avec des particuliers et non plus presque exclusivement, comme au XIIe siècle, avec des abbayes voisines.


La nature économique des biens.

Si les modes d’acquisitions restent les mêmes, la nature économique des biens a varié.

Les terres sont bien moins nombreuses : dans cette seconde période Pontigny n’en a acquis qu’une vingtaine, ainsi que quelques prés. Encore sur ce nombre en a-t-elle acheté un quart, et cela, bien souvent, pour arrondir ses possessions antérieures en 1253, par exemple, elle achète une censive à Mâlay-le-Vicomte, sise entre des terres qu’elle tenait déjà[2].

De la même façon, elle obtient fort peu de bois sauf dans la forêt de Bar dans laquelle les comtes d’Auxerre et de Nevers lui firent quelques concessions et confirmèrent des droits d’usage[3], c’est là la continuation d’un mouvement amorcé à la fin du xiie siècle.

Par contre, nous assistons à une montée des acquisitions de vignes, puisque Pontigny en obtint à peu près autant que de terres arables. Elles se situent essentiellement dans la région de Saint-Bris et de Dijon. Il s’agit là encore, de toute une politique de regroupement : soit que le monastère se fasse donner des vignes près de ses celliers ou de ses autres biens[4], soit qu’il se les procure contre de l’argent[5]. Ces achats sont, d’ailleurs, importants, puisqu’ils représentent un tiers de toutes les acquisitions en vigne.

Parmi les revenus qui augmentèrent le patrimoine de Pontigny au xiiie siècle, nous retrouvons, avant tout, les dîmes. Elles forment environ la moitié des possessions de l’abbaye en vigne. Si elle en achète peu[6], elle s’en fait donner ou en échange[7] ou enfin en partage[8]. Il est très net que l’interdiction d’acquérir des dîmes du travail d’autrui n’est plus respecté.

Il en est de même pour d’autres coutumes que Pontigny se procure à cette époque. Par achat ou par don elle obtient ainsi quelques cens, coutumes ou tierces, soit seuls, soit accompagnés de la terre qu’ils grèvent[9].

Enfin l’abbaye accentue son désir de s’implanter dans les villes des alentours. Elle obtient ainsi des maisons, par achat ou don, à Auxerre, Sens, Troyes et Dijon. C’est là encore la poursuite de la politique qu’elle avait amorcée au xiie siècle : en effet, de plus en plus Pontigny qui développe des

  1. Ex. : n° 337.
  2. N° 402.
  3. nos 303, 305, 311.
  4. nos 319, 334.
  5. nos 312, 332.
  6. nos 264, 300.
  7. N° 327.
  8. N°233.
  9. Voir nos 165, 166.