Page:Le premier cartulaire de l'Abbaye cistercienne de Pontigny.pdf/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
cartulaire de l’abbaye cistercienne de pontigny.

Préhy[1]. Vers Saint-Bris, où les dons sont moins nombreux, les libéralités proviennent des familles de Saint-Vérain[2] et de Mello, tandis que dans les alentours de Chailley et de Bœurs, ce sont les nobles d’Ervy[3], de Villemaur[4] et de Venisy[5], ainsi que ceux de Saint-Florentin[6] qui comblèrent de leurs bienfaits Pontigny. Enfin, vers le centre des possessions de l’abbaye, à Sainte-Procaire, Crécy ou Ligny, les familles de Bouilly[7], de Seignelay[8] et de Ligny[9] contribuèrent à étendre le domaine du monastère.

Les ecclésiastiques, après les nobles, furent aussi de généreux donateurs. En tête viennent les évêques non seulement, comme nous l’avons dit, ils accordèrent à Pontigny des dîmes ou réglèrent des conflits nés à leur propos, mais encore, en leur nom, ils dotèrent l’abbaye. C’est ainsi que l’archevêque de Sens, Hugues, donna aux moines le droit d’usage dans ses bois de la forêt d’Othe[10]. Les abbayes de la région, par le truchement d’accords à l’amiable ou d’échanges, permirent à Pontigny de mieux organiser ses biens et d’avoir ainsi un domaine plus homogène et plus cohérent[11]. Enfin, certains hommes d’église, à titre personnel, firent des aumônes : tel Étienne, trésorier de Saint-Étienne d’Auxerre, qui offrit ses terres et bois de Roncenay[12] ; ou encore le prêtre Joubert qui concéda aux moines de Pontigny sa vigne de Milly et la moitié de son pré de Poinchy[13].

En résumé, ce sont les petits seigneurs qui possédaient des biens proches des diverses exploitations agricoles de l’abbaye de Pontigny, qui, poussés par les prélats et les grands du voisinage, constituèrent le patrimoine de Pontigny. Ils furent aidés en cela par certains hommes d’église et d’autres établissements religieux, bien qu’il semble aussi que de simples particuliers aient participé à l’édification de la fortune foncière de la troisième fille de Cîteaux, sans que l’on puisse définir de façon précise leur condition sociale[14].


Les étapes de la formation du temporel.

Pontigny doit sa fondation, comme nous le savons, à la générosité d’un prêtre du nom d’Ansius qui lui fit don d’une terre inculte sise à Pontigny. Bien vite les propriétaires des alentours grossirent ce maigre noyau initial. Pendant les cinq premières années de son existence, elle s’efforça d’arrondir et d’organiser les terres toutes proches de ses premiers bâtiments[15]. Dès

  1. nos 46, 55, 56.
  2. N° 340.
  3. N° 64.
  4. nos 20,21,75,76.
  5. nos 58, 74, 80.
  6. Ex. : nos 59, 77.
  7. N° 88.
  8. nos 91, 110, 113, 129, 145.
  9. nos 93, 97, 108, 116.
  10. N° 60.
  11. Ex. : n° 62.
  12. N° 92.
  13. N° 111.
  14. nos 19, 22, 24, 63, 84, 95, 96…
  15. nos 89, 95.