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introduction.

Enfin Pontigny reçoit aussi des censives. Le premier exemple que nous en ayons, date de 1144 : dans cet acte l’abbé de Molesme, Giraud, et le couvent approuvent l’accensement d’une terre sise à Bœurs en faveur de Pontigny[1]. Mais il semble que l’abbaye ait eu peu de terres en censive.


Les donateurs.

Ce sont, essentiellement, les nobles et les ecclésiastiques qui contribuèrent à la constitution du temporel de Pontigny. C’est le reflet même de ce qui se produisit lors de la fondation du monastère un ecclésiastique fit don de la terre et fut encouragé dans son projet par l’évêque et le comte du lieu, qui, à son tour, suggéra aux possesseurs des terres avoisinantes de les céder au nouvel établissement religieux[2].

Les grands seigneurs des alentours firent peu de donations proprement dites, mais préférèrent, bien souvent, exempter le monastère de toute coutume sur leurs terres, comme nous l’avons déjà vu. Il faut, cependant, citer parmi ces donateurs les comtes de Nevers[3], de Troyes[4], de Joigny[5], de Blois[6] et de Bar[7] ou encore les vicomtes de Joigny[8] et de Saint-Florentin[9].

Mais le gros des acquisitions provient des hobereaux de la région. Encore est-il difficile au XIIe siècle de voir si nous avons affaire à des membres de la noblesse locale. En effet, le nom de l’auteur de l’acte est rarement accompagné de qualificatifs qui nous renseigneraient sur l’origine sociale de ces hommes. Nous ne possédons que trois exemples dans lesquels un personnage voit son nom accompagné du titre de seigneur d’une terre[10], encore ces actes sont-ils tardifs. De la même façon, le titre de chevalier n’apparaît que dans deux textes[11] et celui de damoiseau dans un seul[12]. En fait, nous nous rendons compte que nous sommes en présence de nobles, insérés dans le système féodal, parce qu’au cours du cartulaire nous les voyons, en tant que seigneurs, accorder des lettres d’amortissement à Pontigny ou lui faire don de fiefs qu’ils possèdent. Nous voyons ainsi un certain nombre de familles, qui ont des terres proches des granges de Pontigny, accroître son patrimoine. Dans la région de Villiers et d’Aigremont, ce sont les seigneurs de Montréal[13] et de Noyers qui dotèrent l’abbaye[14], ainsi que ceux de

  1. N° 26 : {{lang|la|texte=… ita concessit jure perpetuo possidendum… ut fratres illius singulis annis loci V solidos censuales apud Nogemio nobis persolvant.
  2. N° 84.
  3. nos 8, 14, 52, 85, 86, 94, 117.
  4. nos 72, 200, 381.
  5. nos 124, 274.
  6. N° 112.
  7. N° 79.
  8. N° 125.
  9. N°144.
  10. N°49, Anséric, seigneur de Montréal ; n° 46, Milon, seigneur de Noyers ; n° 55, Clarembaud, seigneur de Noyers.
  11. nos 30, 33.
  12. N° 116. Jean, damoiseau de Ligny.
  13. Ex. : n° 42.
  14. nos 47, 48, 49, 55, par exemple.