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LE POISSON D’OR

lons, une goélette anglaise l’attendait au vent de Groix. Il dut s’adresser à quelqu’un pour qu’on le mit à bord. À qui s’adressa-t-il ? Je ne peux pas dire que ce fut à Bruant, puisque je n’en sais rien, mais Bruant avait sa confiance.

Ce que je peux dire, c’est que Bruant devint riche cette nuit-là et que cette nuit-là M. Jean fut assassiné par l’homme à qui il avait donné sa confiance. Ça, c’est la vérité.

On trouva, le lendemain matin, son corps sur le sable, entre Loc-Malo et la tour de Plouhinec. Il avait une grande plaie au bas de la poitrine et l’épaule droite écrasée d’un coup d’aviron.

— Et la justice ?… demanda un des matelots.

Le patron haussa les épaules.

— La justice avait le bonnet rouge répliqua-t-il : ce n’était qu’un ci-devant de moins. On mit les terres de Penilis en vente, et Bruant les acheta pour un morceau de pain.

— Mais depuis ?

— Depuis ?… Quand depuis arriva, le citoyen Bruant était archimillionnaire. Cric !

— Crac !

— Le feu chez Mikelic !

— La goutte chez la Tabac ! À la niche, caniches !… On embarque demain à trois heures… bon temps, bonne brise ; je nous souhaite cinquante mille de sardines et premiers au quai de Larmor. Eh ho !

Ils se levèrent tous et quittèrent l’auberge. Je fis comme eux, après avoir repris mes vêtements.

Je n’en avais pas fini pourtant avec cette étrange histoire. Comme je cheminais vers le passage de Loc-Malo pour rentrer à Port-Louis, j’aperçus deux om-