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LE POISSON D’OR


V


Je passai la journée entière qui suivit, dans mon cabinet, continua M. de Corbière, après une courte pause, la tête entre mes mains, cherchant un plan d’attaque impossible. Je ne voulus voir personne, pas même ma mère. Le soir venu, je me sentis effrayé en sondant le vide de ma cervelle : j’étais aux trois quarts fou.

J’entrai dans des accès de rage en songeant à ces aveux perdus de l’assassin, que nulle oreille, excepté la mienne, n’avait pu recueillir. La voix de Judas me revenait comme la tyrannie de certains refrains, et répétait autour de moi : « Je lui donnai de mon couteau dans l’estomac. »

Cela n’était pas vrai, non ! L’horrible sang-froid du narrateur démentait ses paroles. Il n’y a pas de semblable perversité.

Mais la fin ? Histoire de plaisanter ! Le regret d’en avoir trop dit, même à un témoin qui avait la langue paralysée ! Oh ! cela, était vrai ! tout était vrai !