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surface unie aurait pu jurer avec le reste. On le comprend aussi sur les sceaux autour de l’écusson ; mais, sur le champ de l’écu ou sur des pièces honorables, c’est tout différent : Quel embrouillamini, malgré les précautions observées !

La première loi héraldique étant qu’on ne peut mettre couleur sur couleur ni métal sur métal, que penser de ce peinturlurage tudesque et britannique qui consiste à appliquer une couleur sur la même couleur de nuance différente !


CONCLUSION


Il ne faut pas confondre le Paillé du moyen-âge avec le Diapré moderne et encore moins avec le Diapré anglais et allemand qui n’a rien d’héraldique.

Le Paillé était une panne ou étoffe de soie très précieuse, dite sarrasinoise, et rapportée des Croisades.

On peut citer comme modèle de Paillé, celui des plus riches et des plus puissants barons féodaux Normands[1]. Il était de sinople diapré de lionceaux et d’aiglettes, emblèmes du courage, de la force et de la victoire, entourés de cercles d’or, reliés entr’eux et aux flancs de l’écu, de façon à former comme une chaîne de médaillons ou plutôt un collier, qui rappelle le Torque, signe antique de l’autorité, d’une haute dignité, et, plus tard, d’une action d’éclat.

Ces armes magnifiques, complétées par l’Hermine[2], révèlent, à première vue, la valeur et la splendeur des hauts seigneurs qui les portaient. Aussi, très choqué de voir le Paillé rabaissé par l’ignorance absolue des héraldistes à son sujet, sommes-nous heureux d’avoir pu découvrir sa glorieuse origine.



  1. À la bataille du Val-des-Dunes où il joua un rôle décisif (10 août 1047), Raoul Tesson était à la tête de cent quarante chevaliers, ses fidèles vavasseurs (Robert Wace, Le Roman de Rou).

    Qui sont ceux-ci, dit le roi de France au duc Guillaume, en les apercevant ? Moult sont tous de riche appareil, sagement et bien ils se contiennent. Une chose pense bien de voir, c’est

  2. Par allusion à sa blancheur,