ornementation n’ayant aucune valeur réelle, pouvait être changée d’un moment à l’autre, et comme elle ne formait pas une partie intégrante des armes, elle pouvait être négligée tout à fait. Dans les représentations coloriées, ce diapré était exécuté dans la même couleur que le fond sur lequel il était appliqué, mais, afin de le faire ressortir, les nuances différaient ; le diapré était d’une teinte plus claire sur un fond plus foncé, ou plus foncée sur un fond plus clair. »
Six des écus représentés ont le champ diapré. Pour cinq d’entre eux, on dirait un carrelage[1] en miniature plus ou moins compliqué. Le sixième diapré est formé de branchages. Le contour de ce dernier écusson accuse le temps de la Renaissance. Les dessins et les carreaux du diapré des familles anglaises de Vere et de Warren sont de petits chefs-d’œuvre de patience de la part des artistes qui les ont exécutés ; nous nous garderons bien de dire de bon goût au point de vue de l’art héraldique.
Les deux autres écus ont, au contraire, le champ plain, et, ce sont les pièces honorables, une bande et deux fasces, qui sont diaprées sobrement d’arabesques ou de rinceaux formés de feuillages ou de tiges fleuries. Cette circonstance, d’après l’auteur (diapré des figures au lieu du diapré du champ), donne la preuve que ces écus datent d’un temps relativement moderne !
L’article et les dessins de Rietstap sont d’une grande clarté. Ils font connaître au mieux ce diapré étranger qui n’a rien d’héraldique puisqu’il ne doit pas être blasonné. Ce n’est que du remplissage. On conçoit ce diapré sur les anciens vitraux qui avaient beaucoup de plombs et où une grande
- ↑ Diapré, bigarré, a-t-on dit. Or, l’une des étymologies du verbe bigarrer, celle de Diez, est bi-garrer pour bi-carrer, de carrer, disposer, arranger en forme de carrés, d’échiquier. C’est bien ce qui a été fait sur le champ des cinq écus en question.
Mais celle de Ménage, pour laquelle penche Littré, est bis variare.