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En 1361 ou 1362, Bertrand du Guesclin s’empara de cette forteresse sur les Anglais qui y avaient mis 400 hommes de garnison. Le Roi pour le récompenser lui en fit don, et il prit même, à un moment donné, le titre de sire de la Roche-Tesson.

Cette baronnie passa par la suite aux Gouyon de Matignon qui la conservèrent jusqu’à la Révolution.

Un hameau presque contigu au château fut autrefois, dit-on, le premier établissement des ouvriers en airain, qui, dans la suite, passèrent à Villedieu. On y a souvent trouvé des instruments de leur métier, et plus souvent encore des fragments de poterie qui pourraient remonter à une plus haute antiquité.

Sur ce carreau de brique, les armes des Tesson de la Roche-Tesson sont fascées de six pièces de Paillé et d’hermine. Chaque fasce de paillé se compose de trois annelets, renfermant alternativement des aiglettes et des lionceaux ; ces annelets sont reliés entr’eux et aux flancs par deux traits parallèles, reliés eux-mêmes, entre chaque annelet, par deux petits traits perpendiculaires aux premiers. Chaque fasce d’hermine est chargée de six mouchetures de sable. Tous les animaux sont contournés, peut-être pour faire face à l’Orient, dans la position qu’ils occupaient à La Roche.

Les quatre lionceaux forment avec l’aiglette centrale une croix grecque, et les cinq aiglettes une croix de Saint-André. Cette disposition, qui nous a frappé, n’est peut-être pas l’effet du hasard ; elle a pu être voulue pour rappeler doublement et même triplement avec le Paillé le souvenir des Croisades.

Le Paillé des grands Barons féodaux du nom de Tesson devait être de sinople et non d’azur. On est fondé à le croire, d’abord parce que la tradition s’est maintenue et que les Tesson modernes portent encore des fasces de sinople chargées de chaînes simples, formées d’anneaux ordinaires, au lieu de chaînes d’annelets entourant des aiglettes et des lionceaux. Ensuite, parce que M. de Gerville dit avoir retrouvé, parmi les plus anciens titres de l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, les armes des Tesson, barons de ce lieu, figurées en couleur. Elles étaient selon lui : d’argent, à deux fasces de sinople, à huit hermines, 4 — 3 — 1. On dirait même que la couleur de sinople était l’important, puisqu’on s’est dispensé de peindre sa diaprure. Dans La