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de la liberté d’Israël »[1] ; « Jérusalem, l’an II de la liberté d’Israël ».

Tout parle dans ces précieuses monnaies, et ce sont les documents les plus sûrs que nous possédions sur cette époque. Ce sont en partie des monnaies d’argent, qui ne peuvent dater que d’une époque d’indépendance, puisque jamais les Romains n’ont autorisé les princes juifs, pas même Hérode, à battre de la monnaie d’argent. Quelques-unes sont des deniers romains surfrappés où l’on reconnaît encore l’effigie de Trajan : celles-ci du moins sont postérieures à son règne, et, comme le style des autres est le même, elles ne peuvent donc remonter à l’insurrection du temps de Néron. La frappe est hâtive et maladroite, comme elle pouvait l’être dans un temps troublé. Les légendes parlent de la délivrance d’Israël, de la liberté de Jérusalem : Jérusalem était donc au pouvoir des rebelles. Israël avait un prince, un nasi ; c’est le terme employé par Ézéchiel pour désigner le souverain de l’avenir. Ce prince, nommé Simon, ne peut être que Bar-Kokébas ; Simon était sans doute son nom propre.

A côté de lui, mais pendant la première année seulement, un grand prêtre, nommé Éléazar. Quelques-uns l’ont identifié avec Éléazar de Modin ; mais ce dernier était un docteur, que rien ne désigne comme prêtre. M. Schlatter[2] a pensé à Éléazar ben Kharsôm, sur lequel les sources talmudiques ont conservé des anecdotes et qui vivait « à l’heure du danger », terme consacré pour le temps d’Hadrien. On savait donc par tradition que le grand prêtre avait rempli de nouveau les fonctions sacerdotales, ce qui suppose la restauration du Temple, suggérée aussi par les monnaies.

Le prêtre disparaît sur les monnaies de la seconde année ; Simon demeure seul, et ne prend plus le titre de nasi, comme si son nom suffisait à tout dire.

On peut conjecturer qu’il a absorbé en sa personne le double pouvoir, comme au temps des Macchabées. Cependant, s’il descendait de Lévi, comment pouvait-il être le Messie, et s’il descendait de David, comment pouvait-il être prêtre ? On pensa peut-être que la dignité messianique suppléait à tout.

Les monnaies nous renseigneraient encore sur la durée de la guerre s’il fallait attribuer à cette époque de petites monnaies de cuivre qui mentionnent jusqu’à la quatrième année de la délivrance de

  1. Dr. : pystf ; Rev. ; bxitth miFiS 2"C-
  2. Loc. iaud., p, 5i s. M. Bâcher trouve cette conjecture « assez plausible » (/(çv. des él. juives, t. XXXVI, p. 198).