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daïsme surtout comme l’ancêtre du christianisme lorsqu’il se plaint, en 416, de ses progrès que rien ne peut entraver[1].


III. — LES PROSÉLYTES AUX TEMPS MESSIANIQUES.


L’élan d’Israël pour le prosélytisme est un des beaux mouvements de son histoire. Il a conscience de sa supériorité religieuse et morale ; il sait qu’il la doit à la Révélation ; son désir serait de faire participer tous les hommes à cette lumière. Qu’il se soit mêlé à ces tentatives de propagande plus d’un motif d’intérêt privé ou national, on l’entend assez, mais il suffit pour l’honneur des Juifs que l’élite de leurs docteurs ait eu l’intelligence de cette haute mission et l’intention de la réaliser.

Le but était d’autant plus noble que la fidélité à la Loi n’assurait pas seulement en ce monde une vie plus digne et plus heureuse. Elle ouvrait les portes du monde à venir, dont les prosélytes ne pouvaient être exclus.

Il y a plus. Controversant avec R. Éliézer ben Hyrkanos sur le sort des païens qui ne devenaient pas prosélytes durant leur vie, Josué ben Khanania n’hésitait pas à reconnaître qu’il y avait parmi les Gentils des justes qui auraient part au monde à venir[2].

Quelle serait cette part ? Un indice déjà signalé[3] suggère que, même dans le monde à venir de l’au-delà, les Israélites auront la prééminence. Il ne pouvait guère en être autrement. C’est déjà beaucoup qu’on ait admis les prosélytes, et même, d’après certains rabbins, les Gentils justes, aux récompenses d’outre-tombe.

L’aspect des choses change un peu lorsqu’il s’agit des temps messianiques. Tandis que la rétribution de la vie future émanait d’un Dieu juste, qui ne tenait compte que des œuvres, les temps messianiques étaient une promesse faite au seul Israël, et on les entendait de plus en plus comme un dédommagement de ses épreuves.

Quelle part les Gentils pouvaient-ils prétendre à ce privilège ?

La réponse est assez nette, quoique les solutions diffèrent selon la manière précise dont la question est posée.

  1. De reditu suo, i, 395 ss.

    Atque utinam nunquam Iudaea subacta fuisset
    Pompeii bellis imperioque Titi !
    Latius excisae pestis contagia serpunt,
    Victoresque suos natio victa premit.

  2. Bacher, Tann. I2, p. 134, citant Tosefta Sanh. xiii, 2 : הא יש צדיקים באומות שיש להם חלק לעולם הבא.
  3. Voir plus haut, p. 196.