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mandé qu’un précepte consistant à ne pas faire et qui l’a transgressé. Vois combien (d’arrêts) de mort ont été prononcés contre ses descendants et les descendants de ses descendants, jusqu’à la fin de toutes les générations. Dis que l’attribut du bien l’emporte et que l’attribut de la justice est moindre. Et (donc) le roi Messie qui s’est humilié et s’est fait petit pour les pécheurs, car il est dit : il a été blessé à causé de nos iniquités (Is. liii, 5) etc., combien plus acquerra-t-il de mérite pour toutes les générations ? C’est cela même qui est dit : et Iahvé a fait retomber sur lui la malice de nous tous (Is. liii, 6)[1].

Raymond Martini attribuait cette tradition au livré Sifrê. Les modernes n’y ont rien trouvé de semblable. Au contraire le Sifrâ contient un passage tout à fait analogue pour le mouvement de la pensée, mais où il n’est pas question du Messie. C’est bien celui qu’avait en vue le savant dominicain, et son érudition est tellement sûre qu’il faut simplement attribuer le mot Sifrê à une faute de copiste ou d’impression pour Sifrâ.

Voyons donc comment s’exprime cet ouvrage, qui est, comme on sait, une sorte de commentaire ou midrach du Lévitique[2] :

R. José [le Galiléen] dit[3] : Si tu veux savoir quelle sera la récompense des justes au temps à venir, va et apprends auprès d’Adam le premier (homme), auquel il n’avait été commandé qu’un précepte consistant à ne pas faire, et qui l’a transgressé. Vois combien [d’arrêts] de mort ont été prononcés contre lui et ses descendants et les descendants de ses descendants jusqu’à la fin de leurs générations. Or quel est celui qui l’emporte ? est-ce l’attribut de la bonté, ou celui de la justice ? Dis que c’est l’attribut de la bonté. L’attribut de la justice a donc moins de vertu, et cependant combien [d’arrêts] de mort ont été prononcés contre lui et ses descendants et les descendants de ses descendants jusqu’à la fin des générations ! Celui donc qui s’abstient de [la chair

  1. Pugio Fidei, fol. 675 : Valdè autem praedictis consonum est id, quod in libro Siphre taliter scriptum est : HHHHHHH.

    Raymond Martini ajoute : Nota, quod isto modo argumentatus est B. Paulus Rom. 5. v. 15. Si de unius delicto multi mortui sunt multo magis gratia Dei, et donum in gratia unius hominis Jesu Christi in plures abundavit.

  2. Tandis que le Sifrê est un midrach des Nombres et du Deutéronome.
  3. Sifrâ, p. 27b, éd. Schlossberg : HHHHHHHH.