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citée : « que son nom soit toujours en mémoire, et son nom existait antan, avant que le soleil fût créé ».

Tout cela ne suppose qu’une prévoyance spéciale de Dieu par rapport au Messie.

Et quand bien même il aurait existé dès l’origine du monde, cela ne prouverait pas une origine divine. On pouvait se le représenter au milieu des autres âmes. C’était une opinion assez commune que toutes les âmes avaient été créées en même temps dès la première création, et attendaient auprès de Dieu le moment d’entrer dans des corps. La présence du Messie parmi elles n’eût rien eu que de très naturel.

Un texte qui date tout au plus du ixe siècle de notre ère[1] suppose même qu’il était né dès la création du monde : « Dès l’origine de la création du monde est né le roi Messie ».

On ne s’explique pas très bien comment le Messie serait né, — s’il faut prendre ce terme à la rigueur —, avant le premier homme. Telle n’était pas sans doute la pensée de l’auteur. Il fait remonter la naissance du Messie aux origines de l’humanité. Mais cette naissance ne marque rien autre d’extraordinaire. Le Messie serait né longtemps avant d’exercer son rôle, ou même avant de devenir Messie, comme c’était l’opinion assez générale.

Elle s’imposait aux Juifs qui vivaient dans l’attente de la manifestation inopinée du Messie. Et c’est précisément parce qu’on n’espérait pas qu'il vînt du ciel, qu’on l’imaginait déjà né, petit enfant comme tous les hommes, et, devenu grand, épiant le signal qui lui serait donné d’en haut.

La Pesiqta Rabbathi a simplement reporté cette naissance aussi loin que possible. Des textes plus anciens jugeaient digne de la Providence de Dieu que le Restaurateur fût né le jour même de la destruction du Temple. Dans cette légende bien connue, on lui prêtait par conséquent une existence cachée destinée à se prolonger autant que le temps écoulé depuis la catastrophe.

Il aurait donc eu un âge respectable au temps de la rédaction du Talmud de Jérusalem.

Rabbi Ioudan disait au nom de R. Aïbo :

Le jour même où est né le Messie, le jour même où te temple a été ruiné, il arriva à un juif qu’une de ses vaches mugit. Devant lui passa un arabe, et il entendit ce mu-

  1. ZL’NZ, C&tîesdienslliche V&rlrüge, p. 244. Pesù/la Jiabbalki, êd. Friedmann, p. 152’’ : "pO tS’U cS’7 5 il’ ’IWIJ nb’nrrz, dans le cliap. XXXIII ; les chapitres XXXtv 4 XXXVu sont encore plus récents d’après DALMXII, Der leidende und der sterbende .Vessias, p. 53, note.