Il y a là beaucoup de répétitions, sans parler des arguments tout à fait en l’air, comme le plus souvent, mais ces répétitions même ont leur intérêt. On voit que la tradition était plus d’accord sur les textes allégués que sur les autorités qui les avaient commentés. Il est inutile d’insister sur ce dernier point. Que ce soit Rabbi Iehouda le Saint ou Rabbi José le Galiléen, R. Éliézer ou R. Aqiba qui se soient prononcés pour tel comput, on ne saurait le décider, et ce serait de peu de conséquence. Le nom de R. Dosa le Grand, c’est-à-dire l’Ancien, prouve, d’accord avec le latin de l’apocalypse d’Esdras[1], que dès une époque reculée, avant Hadrien, on tenait pour une période assez longue. On peut dire que deux principes dominent tous ces calculs. Le premier, c’est que la prospérité durera autant qu’a duré l’épreuve : l’épreuve était, soit les quatre cents ans en Égypte, soit les quarante années dans le désert. Le second, c’est que la période messianique, étant une période divine, pouvait fort bien se mesurer à la mesure de Dieu, pour lequel un jour égale mille ans. Indépendamment de ces deux considérations, on s’appuyait sur le psaume lxxii, où le roi attendu demeure « de génération en générations », en comptant les générations indéterminées pour deux générations. Cette exégèse est très étrange ; on serait tenté de penser qu’elle ne sert qu’à confirmer une opinion déjà existante, à savoir que Jes jours du Messie devaient durer autant que trois générations. C’est l’opinion attribuée à R. Éliézer ben Hyrkanos par la source la plus ancienne, le midrach de l’Exode[2]. Peut-être même se contentait-il de deux générations, qui répondraient au chiffre de quarante ans exprimé dans l’autre tradition[3] sur le même maître.
Un temps très court est aussi supposé dans l’opinion attribuée à Éliahou, disant à R. Iehouda, frère de Séla le Pieux : « le monde ne doit pas avoir moins de quatre-vingt-cinq jubilés, et le fils de David viendra dans le dernier[4] » ; encore ne savait-il pas si ce serait au