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tique favorable à Israël, et cette opinion a eu tant de crédit qu’elle a été reproduite six fois dans le Talmud de Babylone[1].

L’avis de Samuel n’est pas isolé. Parmi les conditions des temps messianiques, nous n’avons pas rencontré la parfaite innocence, même des Israélites. Elle n’était pas une condition préalable indispensable de leur prospérité, du moins d’après l’opinion d’un grand nombre. Bien plus, si l’on consultait l’histoire, on y voyait que la prospérité avait souvent amené la révolte. Et une baraïtha anonyme n’hésite pas à la croire possible au temps du Messie :

De même tu trouves au temps du Messie que les Israélites ne seront indociles, que parce qu’ils auront beaucoup à manger et à boire et beaucoup de tranquillité ; car c’est d’eux qu’il a été dit (Dt. xxxii, 15) : mais Iechouroun est devenu gras et a frappé[2].


III. — DURÉE DES TEMPS MESSIANIQUES.


Que pensaient les tannaïtes de la durée des temps messianiques ? ou plutôt, pour nous en tenir à leurs termes propres, qui ont ici leur signification, combien devaient durer les jours du Messie ? Ce qu’il faut noter tout d’abord, et c’est ce qui importe le plus, c’est qu’il n’existait point de tradition sur ce point : chacun se faisait une solution en argumentant d’après l’Écriture.

Les diverses vues des tannas ont été bloquées dans deux baraïthas du Talmud de Babylone et dans un passage de la Pesiqta rabbathi qui représente la tradition du midrach palestinien.

Nous les mettons successivement sous les yeux du lecteur. Dans le traité Sanhédrin, on lit[3] :

On a dit d’après la tradition : R. Éliézer (ben Hyrkanos) dit : Les jours du Messie sont de quarante ans, car il est dit (Ps. xcv, 10): pendant quarante ans, j’ai eu cette génération en dégoût : R. Eléazar b. ‘Azaria dit : Soixante-dix ans, car il est dit

  1. Berak. 34b ; Sabbat, 63a et 151b ; Pesakhim, 68a ; Sanh. 91b et 99a. Ce Samuel est le grand amora de Babylone, mort en 254. Il pensait que la période messianique durerait un temps égal à celui qui se serait écoulé depuis la création du monde jusqu’au Messie (cf. b. Sanh. 99 a).
  2. Sifrê Dt., § 318 ; éd. Friedm. 136a ; de Wilna (1866), p. 210.
  3. b. Sanh. 99a : HHHHHHHHHH.