R. Jérémie, qui vivait au ive siècle, est donc bien postérieur au temps des tannaïtes. C’eût été dommage cependant d’arrêter la citation avant de l’avoir entendu. Il est logique. Si l’on doit revenir pour assister au temps du Messie, il est indiqué de mettre ses plus beaux habits et de ne pas oublier sa canne, ni même son chapeau.
Il y a quelque chose de touchant dans cette foi inébranlable, mais combien cette façon d’entendre la résurrection diffère de celle de saint Paul ! On ne comprend pas qu’un homme comme R. Iehouda le Saint soit tombé dans cette niaiserie de se faire habiller de vert dans son tombeau, lui qui enseignait que les ressuscités seraient semblables aux étoiles.
Peut-être le seul moyen d’éviter une contradiction flagrante est-il de lui attribuer l’opinion de l’apocalypse de Baruch. Les morts devaient tous ressusciter tels qu’ils étaient, afin de se reconnaître les uns les autres. C’est seulement après, que les bons étaient transformés dans la lumière. De sorte que ceux qui attendaient une résurrection si matérielle ne la plaçaient pas pour cela nécessairement avant le temps du Messie.
Peut-être était-ce en vue de cette confrontation des bons et des méchants que R. Méïr tenait à ce que la résurrection fût publique. Il le prouvait à un Samaritain par la comparaison de l’enfant, conçu dans le secret, et produit publiquement à la lumière ; combien plus Dieu rendra-t-il au grand jour ceux qu’on a ainsi confiés à la terre[2] !
Il est probable que chacun ressuscitait à l’âge qu’il avait. On peut
- ↑ L’opinion de Rabbi était donc que Dieu ressusciterait aussi les vêtements ; on lit peu auparavant : « car, disait Rabbi, lorsque l’homme ressuscitera, il n’aura plus les vêtements qu’il avait en étant enterré ; tandis que, selon d’autres rabbins, il garde au moment de la résurrection les effets qu’il avait sur lui dans sa sépulture ».
- ↑ Bacher, Tann. II, p. 67 s.