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du prophète Élie, [qu’il soit] mentionne en bonne part »[1]. Cette intervention d’Élie est caractéristique pour l’époque messianique.

Et il en est de même de l’importance qu’on attachait à être enseveli en Terre sainte. Rabbi Méïr qui mourut près d’Antioche demanda que du moins on l’enterrât sur le bord de la mer, ce qui était comme un contact avec la Palestine. Il voulut qu’on lui mît une corde aux pieds, afin d’y être tiré plus facilement au jour de la résurrection[2]. On trouva ce mode de locomotion ingénieux, et il devînt d’un usage général parmi les personnes pieuses.

Ce qui prouve d’ailleurs dans quel sens réaliste était entendue cette résurrection, ce sont les discussions sur l’état des ressuscités. On se demandait si les morts ressusciteraient tout habillés. Depuis l’installation des gymnases à Jérusalem, les Juifs avaient horreur du nu ; outre ce qu’il peut avoir de choquant pour la décence, il était toujours lié dans leur pensée aux cultes polythéistes[3].

La reine Cléopâtre[4] demandait à Rabbi Méïr : Nous savons que les morts vivront, car il est écrit : et ils germeront de la ville comme l’herbe des champs (Ps. lxxii, 16) ; mais quand ils ressusciteront, ressusciteront-ils nus ou dans leurs vêtements ? Il lui dit : A plus forte raison que le grain d’orge ; et si le grain d’orge qui est enseveli nu sort si bien habillé, combien plus les justes qui ont été ensevelis dans leurs habits !

La réponse était en quelque sorte suggérée par la demande ; on ne saurait avoir plus d’à propos, et la comparaison du grain de blé pourrait s’entendre dans le sens d’une transformation, même spirituelle, comme dans saint Paul[5]. Ici encore R. Méïr semble occuper une position intermédiaire. Plus tard on ne recula pas devant un réalisme plus grossier.

On a enseigné[6] au nom de R. Nathan : Le vêtement que l’homme emporte dans la tombe le couvrira au moment de la résurrection ; et ce qui le prouve, c’est qu’il est

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  5. I Cor. xv, 37.
  6. j. Kilaïm, trad. Schwab, t. II, p. 315 s.