Éléazar de Modin, vers 90 ap. J.-C., expliquait que celui qui a commis certaines fautes « n’a pas de part au monde à venir »[1].
R. Aqiba excluait du monde à venir ceux qui chantent dans les festins des passages du Cantique des cantiques[2]. Il disait que Dieu juge exactement les pieux et les pécheurs ; chez ceux-là il punit même les rares mauvaises actions qu’ils commettent dans ce monde, afin de leur garder la récompense dans le monde à venir ; il laisse aux pécheurs bonheur et bien-être à cause des rares bonnes actions qu’ils accomplissent, pour laisser le jugement s’exercer dans le monde à venir[3].
Khanina b. Teradion, pressentant son martyre sous Hadrien, était cependant inquiet de son sort dans le monde à venir, tant le jugement y était sévère sur les œuvres[4].
La bonne œuvre par excellence était l’étude de la Thora.
José b. Qisma disait :
Quand l’homme meurt, ni l’argent, ni l’or, ni les pierres précieuses, ni les perles ne l’accompagnent, mais la Thora et les bonnes actions seulement ; car il est dit (Prov. vi, 22) : quand tu voyages — dans ce monde — elle te conduit ; quand tu te reposes – dans le tombeau, — elle te garde ; et quand tu te réveilles — dans le monde à venir, — elle cause avec toi[5].
Les tannas de la fin du iie siècle ont la même préoccupation du salut individuel dans le monde à venir. R. Méïr : « Celui qui a une école dans son pays et n’y va pas, n’a pas de part au monde à venir »[6]. Il pensait — et cette maxime est attribuée à d’autres — que les avis d’un ami sévère conduisent à la vie du monde à venir[7].
Siméon b. Iokhaï disait : « qui cherche l’or perd sa récompense dans le monde à venir ». Et encore : « entraîner un homme à pécher, c’est pire que de le tuer ; car le tuer, c’est l’enlever seulement de ce monde, tandis que le corrupteur le prive de ce monde et du monde à venir »[8].
R. Nehoraï : « Je n’enseigne à mon enfant que la Thora, la science dont on mange les fruits en ce monde, et dont le capital reste entier pour le monde à venir ». C’est l’idée des psaumes de Salomon, de