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Il fait habiter sa splendeur au ciel en haut,
et la manifestation de sa force dans le sublime des hauteurs.
C’est notre Dieu et il n’y en a pas d’autre,
la confiance de nos rois, et il n’y en a pas en dehors de lui.
Aussi nous espérons en toi, Ia, notre Dieu,
pour voir promptement la magnificence de ta force ;
Pour faire disparaître les idoles de la terre,
et les faux dieux seront complètement détruits ;
Pour restaurer le monde par le règne du Tout-Puissant[1],
et tous les enfants des hommes invoqueront ton nom ;
Pour ramener à toi tous les méchants de la terre,
tous les habitants du monde reconnaîtront et sauront.
Car tout genou se courbera devant toi,
toute langue jurera par toi.
Ils se courberont et tomberont devant toi, Ia, notre Dieu,
et rendront honneur à la gloire de ton grand nom.
Et ils recevront sur eux le joug de ton règne[2]
et tu régneras sur eux à jamais et toujours.
Car c’est à toi qu’appartient le règne,
et tu régneras dans la gloire pendant les siècles des siècles.

Le règne de Dieu est actuel : Dieu est le Roi des rois des rois. Il le sera plus encore au moment où les idoles disparaîtront et où tout genou se courbera devant Iahvé. Les Gentils feront alors ce que les Juifs font aujourd’hui, ils accepteront le joug du règne. Il était impossible de mieux marquer la continuité du régime, et en même temps la gloire des temps nouveaux. Dans ces mêmes milieux où l’on croyait fermement que le règne de Dieu datait de la création, on faisait une prière analogue à celle du Pater : Que votre règne arrive ! Ce règne nouveau était sans doute transcendant, et par sa nature, et à cause de l’intervention de Dieu qui devait l’établir, mais il n’apparaît pas tout fondé dans une sphère distincte, survenant sur la terre comme un décor en remplace un autre, ou substituant le monde céleste au monde sublunaire.

Chose étrange ! nous sommes tentés de conclure à cette apparition merveilleuse parce que nous interprétons d’une façon trop littérale des textes qui étaient précisément conçus pour atténuer l’impression qu’aurait pu causer la lecture des prophètes.

Les prophètes ne faisaient pas difficulté d’annoncer la venue de Dieu pour inaugurer son règne. A les prendre strictement, on eût pu songer à un règne entièrement nouveau. Cette idée n’était guère conciliable avec celle qui avait prévalu du règne éternel de Dieu,

  1. לתקן עולם במלכות שדי.
  2. ויקבלו עליהם עול מלכותך.