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Cette exégèse n’est pas, on l’entend assez, l’explication littérale du texte. De cette exégèse, qui est celle de notre temps, les anciens rabbins ne nous ont laissé aucun monument. Elle a commencé dans le judaïsme au moyen âge. L’exégèse du midrach trouve dans l’Écriture ce qu’elle y cherche.

Et c’est là à la fois son fort et son faible. Si les décisions juridiques ou halakôth, si les développements pieux, les légendes, les commentaires de toute sorte qui constituent l’agada, n’avaient d’autre origine que les textes bibliques auxquels on les réfère, il faudrait conclure à une sorte d’aberration inexplicable du sens exégétique. Et on doit reconnaître que c’est assez souvent le cas. Mais très souvent aussi ils se sont produits par le travail de la réflexion ou par le mouvement spontané de l’imagination ; les décisions sont humaines, sages et sensées ; les agadoth n’ont pas l’intérêt des créations plus brillantes d’autres peuples mieux doués, mais elles sont néanmoins le tableau fidèle des aspirations, de l’état d’esprit, de la valeur morale et religieuse des Juifs. Envisagé à ce point de vue, le Talmud et les Midrachim ne sont point complètement artificiels. Ce qui pâtit, c’est l’exégèse. On peut poser en canon que jamais passage obscur n’a été la source véritable d’une doctrine courante. Mais, quand une doctrine était courante, il fallait la trouver dans l’Écriture, et ce ne pouvait être que dans les passages obscurs, et au prix de quelles tortures infligées au texte ! Cette préoccupation qui s’imposait d’avance au docteur de la Loi n’était pas sans donner un pli particulier à ses raisonnements et, malgré tout, l’ensemble en reçoit un caractère contraint, subtil, arbitraire et artificiel. C’est une grave injure qu’on a faite au droit romain, cette raison écrite, de le comparer au Talmud. On reconnaît les arbres à leurs fruits. Quelle législation moderne ne


    rangé dans la tradition. Le midrach part de l’Écriture pour en venir à la halaka et à l’agada ; le talmud part des halakôth pour remonter à l’Écriture, d’où le titre des Talmuds, le babylonien et le palestinien, et des midrachim, dont les plus anciens et les plus importants sont Mekilta, Sifrê et Sifrâ.

    Sous ne demanderons que le moins possible des renseignements aux docteurs qui ont succédé aux Tannaïtes, mais qui n’ont jamais joui d’une pareille autorité, les amoras (אֲמוֹרָא, pl. אֲמוֹרָאֵי), de אמר, « dire ». Donc : « un tel a dit », par opposition à « un tel a tansmis » par tradition.

    Les citations de la Michna sont indiquées par le nom du traité suivi des chiffres du chapitre et du paragraphe ; les Talmuds sont cités d’après les traités et la page ; b. indique le Talmud de Babylone, j. celui de Jérusalem. N’ayant pas habituellement sous la main le texte du Talmud de Jérusalem, je l’ai souvent cité d’après la traduction de M. Schwab : le Talmud de Jérusalem, XI vol., Paris, 1871 à 1889. Mekilta et Sifrâ sont cités d’après les éditions de J. Weiss qui passent pour les meilleures. La meilleure édition de Sifrê est celle de M. Friedmann, que je n’ai pu me procurer. La Tosefta, éditée par Zuckermandel.