Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand l’âme a quitté le corps, elle demeure pendant sept jours dans une sorte de liberté pour se rendre compte du sort qui l’attend[1]. C’est une idée assez répandue chez divers peuples que l’âme est encore trop attachée au corps pour suivre dès le début ses destinées particulières ; ce qu’on trouve dans Esdras est une survivance d’un ancien concept ou peut-être un emprunt à la religion des Perses[2].

Pendant ces sept jours, les pécheurs sont condamnés à errer, opinion qui est derechef une survivance de l’idée ancienne que les morts non ensevelis erraient sans trouver de repos. Le principe moral de la distinction entre justes et pécheurs remplace le motif naturaliste des peuples moins avancés.

Dès ce moment les pécheurs sont tourmentés, et de sept manières[3]. Ce sont de vraies peines, mais, comme il s’agit des âmes seules, l’auteur a pris soin de n’énumérer que des passions de l’âme, regret, désespoir, envie contre leur prochain et même contre Dieu, suprême confusion[4]. Le premier supplice est donc de constater leur erreur d’avoir méprisé la loi du Très-Haut ; le second, de ne pouvoir se repentir d’une façon utile ; le troisième, de voir le bonheur de ceux qui ont cru au témoignage du Très-Haut ; le quatrième, d’entrevoir le châtiment qui leur est préparé ; le cinquième, de voir la demeure des autres conservée par les anges dans la paix ; le sixième, de se voir condamnées à subir bientôt leurs tourments ; le septième, le plus grand de tous, la confusion, la honte, la crainte, en voyant la gloire du Très-Haut qu’elles ont offensé durant leur vie, et par qui elles vont être jugées au dernier jour.

L’auteur supposait sans doute qu’il y avait sept enfers, ou sept

  1. vii, 100 Et respondi et dixi : ergo dabitur tempus animabus, postquam separatae fuerint de corporibus, ut videant de quo mihi dixisti ? 101 Et dixit mihi : septem diebus erit libertas earum ut videant septem diebus qui praedicti sunt sermones, postea congregabuntur in habitaculis suis.
  2. Lagrange, La religion des Perses, p. 30, et surtout Söderblom, La vie future d’après le Mazdéisme, p. 91 ss.
  3. vii, 80 Haec inspirationes in habitationes non ingredientur, sed vagantes erunt amodo in cruciamentis, dolentes semper et tristes, per septem vias. Via est sans doute la traduction de דֶּרֶךְ (Gunkel).
  4. vii, 81 Via prima, quia spreverunt legem Altissimi. 82 Secundo via, quia iam non possunt reversionem bonam facere ut vivant. 83 Tertia via, videbunt repositam mercedem his qui testamentis altissimi crediderunt. 84 Quarta via, considerabunt sibi in novissimis repositum cruciamentum. 85 Quinta via, videntes aliorum habitacula ab angelis conservari cum silentio magno. 86 Sexta via, videntes quoniam amodo de eis pertransient in cruciamentum. 87 Septima via, quae omnium supra dictarum viarum maior est, quoniam detabescent in confusione et consumentur in honoribus [lire horroribus ?] et marcescent in timoribus, videntes gloriam altissimi coram quo viventes peccaverunt et coram quo incipient in novissimis temporibus iudicari.