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ment par la vertu de l’arbre de vie[1], les pécheurs seront châtiés dans la vallée maudite[2].

Ces fins dernières peuvent nous paraître très terrestres ; elles sont loin de la haute spiritualité de l’apocalypse d’Esdras. Ce n’en sont pas moins des fins dernières, de l’ordre cosmologique, sans allusion directe à la délivrance ou au triomphe d’Israël. Il ne reste de national que le théâtre de la vie future, Jérusalem et ses vallées, indiquées en termes voilés. Les justes ressusciteront pour être récompensés dans le monde nouveau, le monde qui n’aura pas de fin.

Les Testaments des douze patriarches connaissent une période messianique ; puis vient la manifestation de Dieu sur la terre qui termine absolument leur horizon. On a noté plus haut quelles incertitudes les interpolations chrétiennes, qui se sont produites surtout en matière messianique, jettent sur tous les points de détail. Mais il ne peut subsister de doute sur l’ordre des deux périodes. Or la résurrection suit toujours la première et accompagne la seconde. Et cet ordre ne provient pas d’un remaniement chrétien, en vue de distinguer les deux avènements du Christ, car c’est à propos de la venue de Dieu qu’ont été ajoutées les allusions à l’Incarnation. Les additions ne font donc qu’embrouiller les perspectives. En détachant, soit de la période messianique, soit de l’avènement de Dieu, les additions chrétiennes, on voit plus clairement la succession des faits : temps messianiques, théophanie et résurrection. La dernière période, qui n’est plus une période, mais la fin, n’est pas décrite en détail. Il semble cependant que l’auteur entendait les choses d’une façon assez matérielle, comme si tout s’était passé sur la terre, quoique beaucoup mieux, à la façon de la première eschatologie d’Hénoch[3].

C’est d’ailleurs ce qui ressort surtout des textes relatifs à la résurrection que nous allons citer.

Siméon parle à ses fils de la paix universelle, du moment où Dieu apparaîtra sur la terre, et ajoute[4] :

Alors je ressusciterai moi aussi dans la joie, et je bénirai le Très-Haut de ses merveilles.

Juda, après avoir décrit l’apparition de la verge issue de son propre tronc[5] :

  1. xxv, 5.
  2. xxvii, 2.
  3. Voir plus haut, p. 60 et ss.
  4. T. Sim., vi, 7.
  5. T. Jud., xxv, 1. Voir plus haut, p. 76. Il est encore question de la résurrection au v. 4,