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de la capitulation ; pouvait-on prévenir plus sûrement l’infraction ?

On avait assigné aux ennemis, pour assurer leur retraite, une escorte de quatre cens hommes dont quelques-uns même ont été la victime d’un zèle trop vif à réprimer le désordre ; pouvait-on plus efficacement empêcher l’inobservation du traité ?

Enfin, on est allé jusqu’à racheter à grands frais les anglais, et à les tirer à prix d’argent des mains des sauvages ; de sorte que près de quatre cens sont à Québec, prêts à s’embarquer pour Boston. Pouvait-on plus sincèrement réparer la violation du traité ? Ces réflexions me paraissent sans réplique.

Les sauvages sont donc seuls responsables du violement du droit des gens : et ce n’est qu’à leur insatiable férocité et à leur indépendance, qu’on peut en attribuer la cause. La nouvelle de cette fatale exécution, répandue dans les colonies anglaises, y a semé la désolation et l’effroi au point qu’un seul sauvage a bien osé pousser la témérité jusqu’à aller enlever des prisonniers presque aux portes d’Orange sans qu’on l’ait inquiété, ni dans son expédition, ni dans sa retraite. Aussi les ennemis n’ont-ils formé aucune entreprise contre nous dans les jours qui ont suivi la prise du fort. Rien cependant de plus critique pour nous que la situation où se trouvait alors l’armée française. Les sauvages, aux Abénakis et aux Nipistingues près, avaient disparu dès le jour même de leur malheureuse expédition ;