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d’une heure après midi, sans que j’eusse pris aucune nourriture. Aussi je tombai presqu’en défaillance en y arrivant. La politesse et la charité de MM. les officiers français m’eurent bientôt mis en état de continuer la bonne œuvre. Je fis chercher l’anglais en question, mais les recherches furent pendant plusieurs heures sans succès. Les douleurs de sa blessure l’avaient obligé de se retirer dans le lieu le plus solitaire du fort, pour y prendre du repos ; on le trouva enfin. Je me disposais à l’emmener, lorsque son épouse et son fils reparurent. Les ordres avaient été donnés de ramasser tous les anglais dispersés dans les différens quartiers, au nombre de près de cinq cens, et de les conduire au fort, afin qu’on pût pouvoir plus sûrement à leur subsistance, en attendant qu’on pût les faire conduire à Orange ; ce qui fut heureusement exécuté quelques jours après. Les démonstrations de joie furent renouvelées avec encore plus d’épanchement qu’auparavant. Les remercîmens ne me furent pas épargnés, non-seulement de la part des intéressés, mais encore de MM. les officiers anglais, qui eurent la bonté de me les réitérer plus d’une fois. Quant à leurs offres de service, elles ne m’ont flatté que par les sentimens d’où elles partaient. Un homme de mon état n’a aucune récompense à attendre que de Dieu seul.

Je ne dois pas passer ici sous silence le prix qu’a eue de sa charité l’autre femme anglaise qui s’était obligée à servir de mère à l’enfant