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de bombe et dans l’impossibilité de se secourir lui même ; il ne put qu’acquiescer avec plaisir aux dispositions que j’avais faites pour la sûreté de son fils. Je partis donc accompagné de mes anglais, sous la sauve-garde de trois grenadiers. Après deux heures d’une marche pénible, mais heureuse, nous arrivâmes au quartier où étaient logés les canadiens ; je n’entreprendrai pas de vous rendre fidèlement la nouvelle circonstance qui couronna mon entreprise : il est des évènemens qu’inutilement se flatterait-on de présenter au naturel. Nous étions à peine aux premières avenues du camp, lorsqu’un cri vif et animé vint subitement frapper mes oreilles ; était-ce de la douleur ? était-ce de la joie ? C’était tout cela et plus encore ; car c’était la mère, qui de fort loin avait distingué son fils tant les yeux de la tendreté maternelle sont éclairés. Elle accourut avec une précipitation qui dénotait ce qu’elle était à cet enfant. Elle l’arracha des mains de l’anglaise avec un empressement qui semblait désigner la crainte qu’elle avait qu’on ne le lui enlevât une seconde fois. Il est aisé de s’imaginer à quels transports de joie elle s’abandonna, sur-tout lorsqu’elle fut assurée et de la vie et de la liberté de son mari, à qui elle croyait avoir fait les derniers adieux ; il ne manquait à leur bonheur que leur réunion. Je crus la devoir à la perfection de mon ouvrage.

Je repris la route du fort. Mes forces suffirent à peine pour m’y rendre : il était plus