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jet de la tendresse maternelle. Elle l’examinèrent avidement ; mais ni les yeux, ni le cœur d’aucune n’y distingua son fils. Elles se retirèrent à l’écart pour donner de nouveau un libre cours à leurs lamentations et à leurs plaintes. Je ne me trouvai pas dans un petit embarras par cette retraite, éloigné de quarante à cinquante lieues de toute habitation française ; comment nourrir un enfant d’un âge si tendre ? J’étais ensevelis dans mes réflexions, lorsque je vis passer un officier anglais qui parlait fort bien la langue française. Je lui dis d’un ton ferme : Monsieur, je viens de racheter ce jeune enfant de la servitude, mais il n’échappera pas à la mort, si vous n’ordonnez à quelqu’une de ces femmes de lui tenir lieu de mère et de l’allaiter, en attendant que je puisse pourvoir à le faire élever ailleurs. Les officiers français qui étaient présens appuyèrent ma demande. Sur cela, il parla à ces femmes anglaises. Une s’offrit à lui rendre ce service, si je voulais répondre de sa vie et de celles de son mari, me charger de leurs subsistances et les faire conduire à Boston par Montréal. J’acceptai sur-le-champ la proposition ; je priai M. du Bourg-la-Marque de détacher trois Grenadiers pour escorter mes anglais jusqu’au camp des canadiens, où je me flattai de trouver des ressourcss pour remplir mes nouveaux engagemens ; ce digne officier répondit avec bonté à ma requête.

Je me disposai à quitter le fort, lorsque le père de l’enfant se retrouva blessé d’un éclat