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Une petite aventure, arrivée dans ces conjonctures, dut bien diminuer leur confiance. Nos découvreurs rencontrèrent dans les bois trois courriers partis du Fort Lydis ; ils tuèrent le premier, prirent le second, et le troisième se sauva par sa légèreté à la course. On se saisit d’une lettre insérée dans une balle creusée, si bien cachée sur le corps du défunt, qu’elle aurait échappé aux recherches de tout autre qu’à celles d’un militaire qui se connaît à ces sortes de ruses de guerre. La lettre était signée du commandant du fort Lydis, et adressée à celui du fort George. Elle contenait en substance la déposition d’un canadien, fait prisonnier la première nuit de notre arrivée. Suivant sa déclaration, notre armée se montait à onze mille hommes, et le corps de nos sauvages à deux mille ; et notre artilierie était des plus formidables. Il y avait du mécompte dans cette supputation. Nos forces y étaient amplifiées bien au delà du vrai. Cette erreur ne doit point cependant s’attribuer à la fraude et à la supercherie, qui, quoiqu’utiles à la patrie, ne sauraient se justifier au tribunal de l’honnète homme le plus passionné et le plus national. Jusqu’à cette guerre, les plus nombreuses armées du Canada n’avaient guères passé huit cens hommes ; la surprise et l’étonnement grossissaient les objets à des yeux peu accoutumés à en apercevoir de considérables. J’ai été témoin, dans le cours de la campagne, de méprises bien plus grandes en ce genre. Le commandant de Lydis concluait sa lettre