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place, il y parut par la réponse. La voici : Monsieur le Général Montcalm, je vous suis obligé en particulier des offres gracieuses que vous me faites ; mais je ne puis accepter : je crains peu la barbarie. J’ai d’ailleurs sous mes ordres des soldats déterminés comme moi à périr ou à vaincre. J’ai, etc., signé, Moreau (Munro). La fierté de cette réponse fut bientôt publiée au bruit d’une salve générale de l’artillerie ennemie. Il s’en fallait bien que nous fussions en état de riposter sur le champ. Avant que de venir à bout d’établir une batterie, il fallait transporter nos canons l’espace d’une bonne demi-lieue à travers les rochers et les bois. Grâce à la voracité des sauvages, nous ne pouvions emprunter pour cette manœuvre le secours d’aucune de nos bêtes de somme. Ennuyés, disaient-ils, de la viande salée, ils n’avaient point fait de difficulté de s’en saisir et de s’en régaler quelques jours auparavant sans consulter autre chose que leur appétit ; mais au défaut de ce secours, tant de bras animés par le courage et par le zèle envers le souverain, se prêtèrent de si bonne grâce au travail, que les obstacles furent bientôt aplanis et vaincus, et l’ouvrage porté à sa perfection. Durant tous ces mouvemens, j’étais logé auprès de l’Hôpital où j’espérais d’être à portée de donner aux mourans et aux morts les secours de mon ministère. J’y demeurai quelques temps sans avoir la moindre nouvelle de mes sauvages. Ce silence m’inquiétait ; j’avais une grande envie de les assembler en-