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fléau terrible ! Il aurait été bien consolant pour moi de procurer de ma main les honneurs de la sépulture à ces tristes restes de nos ennemis ; mais ce n’était que par condescendance qu’on avait débarqué dans cette anse. Ce fut un devoir et une nécessité pour nous de nous remettre incessamment en route, conformément aux ordres qui nous pressaient de nous rendre. Nous abordâmes sur le soir au lieu qui nous avait été assigné pour camper. C’était une côte semée de ronces et d’épines, qui était le repaire d’une multitude prodigieuse de serpens à sonnettes. Nos sauvages, qui leur donnèrent la chasse, en attrapèrent plusieurs qu’ils m’apportèrent.

Ce reptile venimeux, s’il en fût jamais, a une tête dont la petitesse ne répond pas à la grosseur de son corps ; sa peau est quelquefois régulièrement tachetée d’un noir foncée, et d’un jaune pâle ; d’autres fois elle est entièrement noire. Il n’est armé d’aucun aiguillon, mais ses dents sont extrêmement aiguës. Il a l’œil vif et brillant ; il porte sous la queue plusieurs petites écailles, qu’il enfle prodigieusement, et qu’il agite violemment l’une contre l’autre, quand il est irrité. Le bruit qui en résulte a occasionné le nom sons lequel il est connu. Son fiel boucanné est un spécifique contre le mal de dents. Sa chair, aussi boucannée et réduite en poudre, passe pour un excellent fébrifuge. Du sel mâché et appliqué sur la plaie est un topique assuré contre ses morsures, dont le venin est si prompt,