Page:Le massacre au Fort George - La mémoire de Montcalm vengée - 1864.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 35 —

de débarquer sur la grève, qui était à la portée du fusil. Le combat recommença avec plus d’opiniâtreté qu’auparavant, mais avec un succès toujours égal pour nous. M. de Saintout s’apercevant que les ennemis n’étaient pas d’humeur à le venir attaquer dans son poste, et qu’il ne pouvait aller à eux sans risquer de voir son canot couler bas, pensa à la retraite. Il la fit en homme d’esprit, comme il s’était défendu en homme de cœur. Il s’embarqua en présence des Anglais, qui, n’osant le poursuivre, se contentèrent de faire sur lui un feu continuel. Nous eûmes dans cette rencontre trois blessés, mais légèrement ; M. de Saintout était du nombre. M. de Grosbois, cadet dans les troupes de la Colonie, fut tué sur la place. Les ennemis, de leur aveu, étaient sortis de leur fort trente-sept ; dix-sept seulement y rentrèrent. De pareils coups surprennent en Europe ; mais ici la valeur des canadiens les a si souvent multipliés, qu’on serait étonné de ne les voir pas renouvelés plus d’une fois dans le cours d’une campagne ; la suite de cette lettre en fournira la preuve.

Après avoir pris congé de M. de Montcalm, je me rendis au quartier des Abnakis. Je fis avertir l’orateur d’assembler incessamment ses compatriotes, et de les avertir que, devant aller dans quelques jours à l’attaque du fort anglais, j’attendais de leur religion, qu’ils se prépareraient à cette périlleuse expédition, par toutes les démarches propres à en assurer le succès devant Dieu : je leur fis savoir en