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toujours burlesquement assorties, des souliers de peau d’orignal ; voilà quel est l’accoutrement sauvage. Les chefs et les capitaines ne sont distingués de ceux-ci que par le hausse-col, et ceux-là que par un médaillon qui représente d’un côté le portrait du Roi, et au revers, Mars et Bellone qui se donne la main, avec cette devise : virtus et honor.

Figurez vous donc une assemblée de gens ainsi parés et rangés en haie. Au milieu sont placées de grandes chaudières remplies de viandes cuites et coupées par morceaux, pour être plus en état d’être distribuées aux spectateurs. Après un respectueux silence, qui annonce la majesté de l’assemblée, quelques capitaines députés par les différentes nations qui assistent à la fête, se mettent à chanter successivement. Vous vous persuaderez sans peine ce que peut être cette musique sauvage, en comparaison de la délicatesse et du goût de l’Européenne. Ce sont des sons formés, je dirai presque au hasard, et qui quelquefois ne ressemblent pas mal à des cris et à des hurlemens de loups. Ce n’est pas là l’ouverture de la séance, ce n’en est que l’annonce et le prélude, pour inviter les sauvages dispersés à se porter au rendez-vous général. L’assemblée une fois formée, l’orateur de la nation prend la parole, et harangue solennellement les conviés. C’est l’acte le plus raisonnable de la cérémonie. Le panégyrique du roi, l’éloge de la nation française, les raisons qui prouvent la légitimité de la guerre, les motifs de gloire