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me étant capables de faire naître dans leurs cœurs des plus lâches cette ardeur martiale qui fait les véritables guerriers ; pour moi, je n’y ai jamais aperçu qu’une farce comique, capable de faire éclater de rire quiconque ne serait pas sur ses gardes. Je parle d’un festin de guerre. Figurez-vous une grande assemblée de sauvages parés de tous les ornemens les plus capables de défigurer une physionomie à deux yeux Européens. Le vermillon, le blanc, le vert, le jaune, le noir fait avec de la suie ou de la raclure des marmites ; un seul visage sauvage réunit toutes ces différentes couleurs méthodiquement appliquées, à l’aide d’un peu de suif qui sert de pommade. Voilà le fard qui se met en œuvre dans ces occasions d’appareil, pour embellir non seulement le visage, mais encore la tête, presque tout-à-fait rasée, à un petit flocon de cheveux près, réservé sur le sommet pour y attacher des plumes d’oiseaux ou quelques morceaux de porcelaine, ou quelqu’autre semblable colifichet. Chaque partie de la tête a ses ornemens marqués : le nez a son pendant. Il y en a aussi pour les oreilles, qui sont fendues dès le bas âge, et tellement allongées par les poids dont elles ont été surchargées, qu’elles viennent flotter et battre sur les épaules. Le reste de l’équipement répond à cette bizarre décoration. Une chemise barbouillée de vermillon, des colliers de porcelaine, des bracelets d’argent, un grand couteau suspendu sur la poitrine, une ceinture de couleurs variées, mais