Page:Le massacre au Fort George - La mémoire de Montcalm vengée - 1864.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 21 —

passant près de moi, probablement à ma poursuite. Dans ce mauvais pas, je ne savais pas s’il valait mieux procéder plus loin ou rester tapis où j’étais jusqu’à la tombée de la nuit. Craignant que mes persécuteurs ne retraçassent leurs pas, je jugeai prudent de m’éloigner davantage du lieu du carnage. En conséquence, m’élançant vers une autre partie du bois, j’avançai aussi rapidement que me le permettaient les épines et la perte d’un de mes souliers : après avoir parcouru péniblement une petite distance, pendant quelques heures je gravis une colline, d’où je pus voir que les scènes de sang se continuaient encore dans la plaine à mes pieds.

Pour ne pas lasser mes lecteurs, je me contenterai d’ajouter qu’après avoir passé trois jours sans manger, et avoir subi d’humides et froides rosées pendant trois nuits, j’atteignis enfin le Fort Edward, où les soins que je reçus rendirent bientôt à mon corps sa vigueur ordinaire et à mon esprit, autant que cela se pouvait, le calme habituel. On computa que ces barbares avaient égorgé ou fait prisonniers 1500 personnes, pendant cette fatale journée. Plusieurs de ces derniers furent enlevés par les sauvages et ne reparurent jamais. Un petit nombre à la faveur d’heureux accidents, purent retourner dans leur patrie après avoir subi une longue et sévère captivité.

Le brave colonel Munro, peu après le commencement du tumulte se hâta de se rendre ou camp français, pour en obtenir le sauve-