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Je m’efforçai alors de rejoindre un peloton de nos troupes massées à quelque distance, mais je fus sur mon passage assailli de coups ; heureusement cependant, les sauvages étaient si près les uns des autres, qu’ils ne pouvaient me frapper sans courir risque de se blesser mutuellement. Malgré cela, un d’eux trouva moyen de diriger vers moi une lance qui m’effleura le côté et un autre me blessa au talon avec un javelot. Enfin, j’atteignis l’endroit où se trouvaient nos soldats et je me jetai au milieu d’eux, mais non sans avoir vu arracher de ma personne ma chemise, excepté le col et les poignets et non sans avoir reçu de fortes contusions, etc.

À cet instant le cri de guerre fut lancé et alors les sauvages massacrèrent sans distinction ceux qui se trouvèrent le plus près d’eux. La parole humaine ne saurait exprimer les scènes d’horreurs qui se passèrent en ce moment : hommes, femmes et enfants furent égorgés de la manière la plus barbare et scalpés de suite. Plusieurs de ces forcénés burent le sang de leurs victimes, qui jaillissait de leurs blessures béantes.

Nous nous apperçumes, mais trop tard, que nous n’avions aucun secours à attendre des Français et que malgré l’engagement solennel signé si récemment, de nous donner un sauf conduit capable de nous protéger de toute insulte, ils autorisaient tout tacitement ; car je pouvais clairement voir à quelque distance, les officiers français marcher et causer