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LE MÉCANISME DU TOUCHER

généralité des exécutants, et vu l’impossibilité d’observer ce fait, on lui attribuait des mains exceptionnellement longues.

Plus l’agencement des mouvements est parfait, plus les dimensions attribuées par l’exécutant aux écarts qu’il réalise s’amoindrissent : l’effet inverse se produit si les contacts sont mal agencés.

Les dimensions réelles du clavier ne peuvent donc être appréciées objectivement par le pianiste, puisqu’il sera toujours, en jouant, forcé de concevoir les dimensions qui lui sont suggérées par le caractère de ses mouvements. Parmi un certain nombre d’exécutants dont chacun, en jouant le même morceau, tracerait, par le caractère de l’agencement de ses contacts, des routes différentes, c’est celui dont les groupements d’empreintes formeraient des courbes symétriques qui ferait les mouvements les plus aisés, et c’est à lui aussi que les intervalles parcourus sur le clavier paraîtraient plus courts. L’exécutant qui aurait au contraire tracé par ses contacts les routes les plus contradictoires, aurait une motilité moins aisée, et les intervalles parcourus lui paraîtraient bien plus longs.

Par rapport à la conception de l’esthétique, ces allures différentes réagissent sur l’exécution au point de transformer complètement le fonctionnement de la pensée. L’influence exercée par l’amélioration des contacts se manifeste autant par la facilité extraordinaire acquise dans l’exécution de tous les mouvements que par l’épanouissement de la faculté de penser la musique. L’engour-