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le mécanisme du toucher

belle, ont toujours des mouvements souples, pourquoi la sonorité défectueuse, dure, sèche, est toujours en corrélation avec les doigts raidis, crispés.

Ainsi s’explique que nous pourrions intervertir les contacts de chacun des deux premiers accords sans modifier le résultat discordant, tandis que nous ne pourrions déplacer une seule empreinte des accords suivants sans détruire l’homogénéité, l’harmonie des mouvements.

Si les graphologues sont vivement intéressés par l’examen des écritures parce que leurs rapports et leurs diversités les frappent, l’étude des empreintes du toucher a pour l’artiste un intérêt encore bien plus puissant, bien plus suggestif parce qu’elle aboutit à des conclusions d’une précision scientifique.

Autant de jeux différents, autant d’empreintes différentes. Aucun pianiste ne peut contrefaire les empreintes d’un autre. Celui qui progresse est aussi incapable de reproduire les empreintes qu’il a faites quelques semaines auparavant, que de réaliser celles qu’il est destiné à faire quelques semaines plus tard, s’il continue à progresser. Selon les dispositions générales du système nerveux, les contacts varient tant soit peu d’un jour à l’autre. Ces différences journalières nous ont surtout frappée dans les empreintes des pouces, où l’infériorité de la tension se marque par un relâchement significatif de l’orientation. Un fait curieux, c’est l’impossibilité de corriger à volonté dans un groupement de notes, même une seule empreinte défectueuse. Il nous est arrivé de persévérer